Aquarius entraîne le spectateur dans le quotidien d'une brésilienne malmenée par un promoteur immobilier. Au delà du postulat de départ, le film s'ancre vraiment, et ce dès les première images, dans la vie de Clara. La séquence du début présente alors tous les enjeux de cette femme : son combat contre la maladie, son amour pour la musique, son cadre de vie et son statut familial. Tout un contexte qui expliquera sa ténacité envers un appartement vétuste mais tout autant empli d'histoires.
Car si on conçoit le point de vue inverse, l'idée d'un déménagement dans un appartement plus neuf et tout autant attractif, on comprend aussi pourquoi Clara tient tant à cet appartement. Le réalisateur use d'ailleurs de beaucoup d'effets dans sa réalisation pour nous vanter ce petit coin de paradis. Aquarius prend souvent l'image du rêve, une étrangeté bienvenue dans la mise en scène, parfois inquiétante, fantomatique ou paradisiaque. Au delà Clara continue de vivre sa retraite et on suit avec plaisir cette belle amazone au milieu d'une ville où on se sent à l'aise en sa compagnie.
Sans pour autant prendre partie, le spectateur est happé par le combat d'une femme, aussi singulier fut-il, pour le droit de dire non. Sans tomber dans la facilité avec un personnage ambiguë, Clara pare les coups de façon surprenante, les intégrant à sa vie (la sexualité qui se dégage du film par exemple).
Aquarius parvient à maintenir une tension, et au départ légère, elle s'accentue de plus en plus. Les personnages déploient petit à petit leurs attaques jusqu'à un final scandaleux et lourd de sens.
Si le film peut s'avérer parfois long, on sent assez vite quelle trame et quel rythme vont s'insinuer dans le récit. Au spectateur alors de s'engouffrer dans la bataille discrète pour maintenir Aquarius ; entre une bande son enrichissante, une réalisation fluide et flottante à la limite du rêve, et une actrice charismatique.