Le film de zombie obtient ses lettres de noblesses à la fin des années 60 avec l'immense Night of the Living Dead de George A. Romero.
Dans ce film, la forme du zombie est intelligemment utilisée pour développer une vision critique de la société de l'époque.
Il ne s'agit plus uniquement de raconter des histoires de croyances vaudou comme Jacques Tourneur l'a si bien fait dans les années 40 avec son film I Walked with a Zombie, mais bien d'ajouter du fond à la forme.
Dès 1968, avec Night of the Living Dead de Romero, le zombie devient un objet d'analyse social, un support pour brûlot politique.
Dans Night of the Living Dead, Romero critique l'individualisme d'un société malade, le racisme rampant et le paternalisme ringard d'une Amérique qui s'écroule.
Plus tard avec Dawn of the Dead (1978), c'est la société de consommation qu'il passe sous son regard acéré. Là aussi en utilisant habilement des hordes de zombies à l'assaut d'un centre commercial dans lequel les personnages du film se sont enfermés.
Encore plus tard avec Day of the Dead (1985), c'est les scientifiques fous et le péril nucléaire que Romero va traiter, là aussi, en utilisant la forme du zombie comme support pour développer un propos intelligible et cohérent.
Dans les années 2000, c'est la question de notre rapport pervers et compulsif aux images que Romero interroge dans Diary of the Dead.
Bien des réalisateurs se sont inscrits dans cette veine, comprenant la force intrinsèque que le zombie amène dans la critique de nos moeurs.
Rappeler les morts pour mieux montrer nos vies. De Lucio Fulci à Tom Savini en passant par Michele Soavi, après Romero, les films de zombies ont pu s'enquérir de cette saveur particulière. Celle des films disons... profonds et travaillés.
Zack Snyder apparemment, n'est pas au courant de tout ça.
Son Army of the Dead est vraiment un film de bourrin et Zack a décidé d'en mettre plein partout.
Des tigres zombies, des foetus zombies, des reines zombies, des zombies avec des casques, des zombies avec des masques, des zombies alphas, des chevaux zombies, des zombies avec des capes, des zombies dans la piscine, des zombies qui dansent. C'est WTF !!
Ce film, très maniériste (des ralentis, des zooms, des travellings circulaires (on est clairement chez Zack Snyder)), ne sait pas où il va.
Le trailer, montrant un Las Vegas ravagé et assiégé par des hordes de zombies, pouvait laisser penser à une approche critique sur la décadence d'une Amérique de nouveau à l'agonie.
Une putain de bonne manière de s'inscrire dans l'héritage du film de zombie à la Romero.
Il n'en est rien.
Zack Snyder n'a rien à dire et ça se voit dès les scènes post-générique.
Ajoutons que ce film est, objectivement, franchement moche avec de la CGI partout, partout, partout. A ce point-là ça devient grave et on ne peut plus parler de cinéma. C'est tout simplement impossible de regarder ça sur un écran plus grand qu'un ordinateur. On se demande même si ce n'est pas calibré pour un visionnage sur téléphone portable. Evidemment que ça sort pas en salle !
C'est également franchement con avec des relents nihilistes particulièrement désagréables, des personnages et histoires dont on se fout complètement. On zappe au sens propre comme au figuré. C'est-à-dire qu'en plus c'est long...
C'est également un film franchement mal écrit avec des quantités astronomiques de bugs scénaristiques qui viennent ajouter une couche supplémentaire au côté indigeste du bordel.
Indigeste c'est le mot. D'autant que l'on parle souvent cuisine (pour meubler, j'imagine) et que les personnages principaux de ce Army of the Dead ne s'alimentent vraiment pas correctement !