Astérix revient ! L’un des personnages les plus cultes de la BD franco-belge revient au cinéma en version animée et désormais en images de synthèses. Le personnage créé par Goscinny et Uderzo existe dans nos vies depuis 1959 à travers 35 albums et quelques longs métrages. Coté « live », seule la version d’Alain Chabat, Mission Cléopâtre, mérite d’être cité ici. Coté animation, huit films se sont succédés, les deux plus mémorables étant ceux réalisés par les auteurs originaux : Astérix et Cléopâtre (1968) et Les Douze Travaux (seul scénario original, sorti en 1976). Se sont ensuite succédées différentes productions ayant pour habitude de mixer deux albums jusqu’à Astérix et les Vikings sorti en 2006. Si tous ne sont pas parfaits, ils se suivaient avec plaisir, notamment grâce aux talents de Roger Carel et Pierre Tornade, ce dernier malheureusement disparu en 2012.

Pour prolonger la franchise, les producteurs du groupe M6 se sont tourné vers un formidable conteur d’histoires à l’humour reconnu : Alexandre Astier. Il s’est associé avec un petit jeune parti faire ses armes chez Pixar, Louis Clichy. Et le résultat est payant : Astérix 3D (pour Domaine Des Dieux) est une franche réussite.

On ne va pas s’éterniser sur l’histoire, que vous connaissez forcément tous. César décide de lancer un grand projet immobilier en Armorique, espérant que l’arrivée de civils romains lui permette d’en finir avec le petit village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Comme d’habitude et aidé de la fameuse potion magique, Astérix et Obélix y mettront leur grain de sel, histoire que faire capoter les plans de Jules.
Les thèmes évoqués par Goscinny en 1971 n’ont jamais été autant d’actualité : les envies quitter les villes polluées et surpeuplées pour la campagne, la déforestation au profit d’entrepreneurs ou plus largement l’écologie résonnent encore en 2014.

Chargé de l’adaptation et des dialogues mais aussi de diriger les comédiens de doublage (à qui il a fait enregistrer le film en entier avant l’animation, en les faisant jouer ensemble comme pour un feuilleton radio), Alexandre Astier s’empare avec brio de l’oeuvre originale. On pouvait craindre, au vu de la promo, que l’humour « à la Kaamelott » soit omniprésent. Il n’en est heureusement rien. Les deux premiers tiers du film sont la transposition exacte de la bande dessinée à l’écran, transpirant le respect infini pour Uderzo et Goscinny. Astier y ajoute quelques gags, histoire de donner un peu plus de vie aux cases d’Uderzo (la toute première case de l’album montrant les Gaulois devient une dynamique petite introduction) et donne de l’ampleur à quelques éléments évoqués sur le papier, comme la toute première famille rejoignant le Domaine des Dieux, qui a désormais plus d’épaisseur… et un petit garçon.

Le dernier acte, lui, est plus riche que les près de cinquante pages dessinées par l’auteur français. Mais même s’il invente les péripéties des Gaulois, Alexandre Astier le fait là aussi en respectant la BD, en reprenant des idées évoquées dans les trente-cinq albums sortis et en jonglant entre son humour et l’écriture d’un des meilleurs auteurs de BD du monde, tout en y ajoutant une dose d’émotions. Il s’offrira le luxe, quand même, d’une unique référence à Kaamelott, uniquement destinée aux fans de la série.
Et si la plupart des voix sont connues et reconnaissables, aucune des célébrités n’est vraiment mise en avant. La part belle est offert à Roger Carel, qu’on prend un incroyable plaisir à entendre une toute dernière fois (le comédien est retraité et a repris du service exceptionnellement) et à Guillaume Briat. Celui connu surtout pour incarner le Roi Burgonde dans Kaamelott offre une belle prestation, rappelant l’excellent travail que Pierre Tornade avait effectué avant lui.

De son coté, Louis Clichy n’est pas en reste. Biberonné à l’école Pixar (il a travaillé sur Wall-E et Là-Haut, excusez du peu), le réalisateur offre une mise en scène particulièrement soignée et parvient à passer les personnages en 3D sans que ça soit particulièrement choquant. Contrairement à un Tintin -d’ailleurs le générique d’Astérix est du même tonneau- qui cherche le réalisme, cet Astérix nouvelle génération prend du relief mais garde les traits d’Uderzo. On n’est donc pas dépaysé, voir totalement en terrain connu. Clichy profite néanmoins des possibilités offertes par l’image de synthèse pour insuffler encore plus de dynamisme à certaines scènes, à l’image d’un passage qui n’est pas sans rappeler King Kong ou Hulk dans Avengers.

Comme Alexandre Astier l’avoue lui-même, en adaptant la Rolls Royce de la bande dessinée, il n’y avait pas vraiment moyen de se planter. Ce n’est effectivement pas le cas. Ce Domaine des Dieux est une franche réussite de bout en bout. Sortant fin novembre, il devrait sans mal rejoindre le Panthéon des films d’animation de Noël, bien calé entre Cléopâtre et les Douze Travaux.
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le 18 nov. 2014

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