Après A touch of sin (2013), film remarquable d’intelligence, Zhang-ke Jia poursuit avec Au-delà des montagnes son œuvre critique de la Chine moderne. Si le sillon cinématographique demeure, la façon de faire diffère. Au lieu de nous raconter différentes histoires contemporaines, il recentre son discours sur un unique récit et sur un nombre limité de protagonistes mais sur trois périodes différentes. Ce triptyque couvrant linéairement le changement de millénaire puis les années 2014 et 2025 vient soigneusement surligner les effets pervers du capitalisme sur les travailleurs migrants chinois. En basculant dans le troisième millénaire, la Chine semble s’ouvrir sur une ère radieuse promise à satisfaire tout un chacun, qu’elles que soient ses ambitions. Quatorze ans plus tard résonne le début des désillusions. En 2025, le temps a fait son œuvre, la terre promise australienne se révèle n’être qu’un réceptacle de vies humaines trop vides de sens et trop pleines de regrets. L’exercice cinématographique est intéressant et ambitieux mais il est dévitalisé par des stéréotypes trop voyants, des symboles pas toujours subtils et une interprétation de Yi Zhang parfois clownesque. À cela, il faut ajouter un prologue (période 1999) tirant fortement sur la romance fleur-bleue avant de laisser place à un mélodrame chargé en pathos sur les deux périodes suivantes.