Film monde, résolument axé sur le temps qui passe et les liens qu’il tisse, Au-delà des montagnes aurait pu être une simple chronique familiale, basée en Chine. Mais on s’aperçoit bien vite de la richesse que contient le récit : depuis les liens qui nous unissent, se tissent, se détendent, à ce qui nous reste de l’enfance en passant par la mélancolie douce des choix regrettés ou la certitude d’avoir fait le bon choix. Le film de Jia Zhangke nous parle doucement de son pays, en pleine mutation, et de ses contradictions. Une véritable vision du cinéaste qui, sous les traits d’une jeune femme, évoque les espoirs d’une génération tournée vers la mondialisation au risque de perdre sa propre identité. Celle-ci se rappelle néanmoins aux personnages par des sensations fugaces : une chanson populaire, un paysage ancré ou encore le goût d’un ravioli préparé traditionnellement. Déchiré entre deux hommes, Tao est aussi déchirée entre deux mondes et finalement entre deux conceptions de son rapport au temps et à son pays. Une chronique résolument humaine, portée par des comédiens au jeu toujours juste et humble, pour un film extrêmement dense aux thématiques multiples.
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