Survivants acharnés du cinéma de genre français, mal-aimé et peu lucratif par chez nous, Alexandre Bustillo et Julien Maury continuent d'œuvrer dans l'horreur après À l'intérieur et Livide malgré les critiques négatives (surtout pour le deuxième). Et pour leur troisième film, les deux compères se la jouent à l'américaine avec un slasher intéressant dans l'idée mais encore une fois maladroit où de nombreuses tâches noires ternissent ce qui aurait pu être un bon film bourrin comme on les aime...


Le film baigne donc clairement dans une atmosphère ricaine avec sa bande de mini-ados soudés comme les Goonies, sa bourgade paumée pleine de mystères et de vieux endroits délabrés (ici un studio de cinéma abandonné), ses personnages stéréotypés (le père soulard violent, la baby-sitter sexy ou encore le trio de gosses allant du binoclard trouillard au grand gaillard casse-cou...) ainsi qu'une odeur de vieilles carcasses rouillées qui foutent les jetons rien qu'en les voyant. Mais si le film emprunte beaucoup aux États-Unis, il pousse également le bouchon un peu trop loin parfois à l'instar des comics horrifiques en anglais que lit notre jeune adolescent bien français ou encore des dialogues censément cool et branchés de ses deux camarades voulant se la jouer Stand by Me mais finalement très répétés et peu convaincants.


Autres défauts qui suivent Maury et Bustillo à la trace : les dialogues approximatifs (le mari qui sort « On va prendre un café avant que les flics arrivent ? » alors que quelqu'un s'est introduit chez eux par effraction et a soudainement disparu), la direction d'acteurs inexistante, le manque de cohérence dans l'enchaînement des scènes et la photographie très voire trop sombre désormais confiée au peu expérimenté Antoine Sanier. Ainsi, les deux réalisateurs peinent à proposer quelque chose de limpide, de clair et surtout d'efficace, les personnages étant mal écrits tandis que le scénario va un peu dans tous les sens, surtout en fin de bobine. Pleins d'idées et sans conteste enthousiastes mais maladroits, Alexandre Bustillo et Julien Maury ont finalement encore beaucoup à apprendre pour se hisser au sommet du genre.

MalevolentReviews
3

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de genre français

Créée

le 22 avr. 2019

Critique lue 102 fois

Critique lue 102 fois

D'autres avis sur Aux yeux des vivants

Aux yeux des vivants
Foxart
2

Dérapages incontrolés

Dieu sait que j'y croyais et que j'en attendais beaucoup, de ce troisième opus du gang Maury/Bustillo, j'avais même très modestement souscrit via le crowdfunding à sa post-production. Mais le film...

le 25 sept. 2014

14 j'aime

3

Aux yeux des vivants
Gand-Alf
4

La fin de l'innocence.

Malgré une santé précaire, la faute principalement à la frilosité des producteurs et distributeurs, le cinéma de genre français continue à m'intéresser un minimum. Ce qui n'est pas toujours facile...

le 20 juil. 2015

11 j'aime

17

Aux yeux des vivants
dagrey
5

Dead to the world

Trois ados décident de sécher les cours et vont batifoler dans la campagne. Aprés avoir brûlé une grange, ils investissent un studio de cinéma désaffecté où ils font une mauvaise rencontre... Aux...

le 29 mai 2020

8 j'aime

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10