Ava
4.4
Ava

Film de Tate Taylor (2020)

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Si la série B possède ses mentions honorables, cette dernière œuvre de Tate Taylor n’en fera pas partie. Difficile d’ailleurs de comprendre comme ce projet a pu naître ainsi. Les intentions sont vaines, mais les échecs sont bien concrets dans ce festival, qui ne prend même plus la peine de feinter le grotesque puisqu’il est présent pour le définir. Personne ne peut empêcher le naufrage de cette entité, qui n’a pas l’audace de s’affirmer comme un simple objet cinématographique. Miser sur le casting ou Matthew Newton comme scénariste de fortune ne sera ni l’argument que l’on retiendra, si seulement il nous est permis de se remémorer quelque chose de signifiant ou d’intéressant.


Dans un univers lambda à scénario lambda, il faut bien se satisfaire du peu que l’on nous propose, même si ça a le goût du prémâché. Jessica Chastain est Ava, tueuse et soucieuse de la crédibilité de ses victimes. Pas besoin de chercher plus loin l’embrouille du traumatisme de l’enfance, mais on nous le servira volontiers sur un plateau, aussi ennuyeux que peu savoureux, que l’on nomme générique par souci de fainéantise. Et c’est un constat qui s’empare presque de tous les fragments de ce projet, qui a du mal à détourner le cinéma d’action au féminin. Des banalités aux clichés, les raccourcis sont nombreux comme en témoigne le montage, charcuté de toute part. Le cœur même de l’action ne peut séduire, malgré les prouesses de son interprète, égarée à l’image de son personnage qui ne trouvera grâce aux yeux de sa famille ou aux nôtres.


Peut-être que ce challenge était un peu trop ambitieux pour une équipe qui ne savait pas comment appréhender l’adrénaline de ce genre. Ce qui est compréhensible en un sens, mais l’énergie manquante révèle bien plus de cicatrices dans la mise en œuvre. On ne fait que constituer un kit de première nécessité, en laissant l’héroïne « badass » reprendre sa vie en main, que ce soit sur le plan professionnel ou privé. Mais l’architecture du récit n’innove pas et emprunte maladroitement à leur modèle masculin, comme le bruquement cité « Jason Bourne » et encore bien d’autres. Et ce film avance ainsi, offrant la sabre paternité à John Malkovich et en piétinant Colin Farrell dans la peau d’un antagoniste boiteux. En essayant de se forger une propre identité face à un miroir, le film sombre inévitablement dans la surenchère.


Il n’est donc question que d’une « Ava » et de tout ce qui gravite autour de Chastain, également productrice. Mais espérer n’est pas une tactique pour convaincre une audience qui en a vu d’autre et qui mérite un peu plus d’inspirations. Troquer la coiffe ou la teinte de l’Atomic Blonde n’en est pas une. Si le film pouvait promettre ne serait-ce qu’un semblant d’âme et de personnalité, il y aurait eu quelque chose à croquer ou quelque chose à discuter. Malheureusement, ni le portrait de femmes fortes et actuelles, ni l’univers de tueurs à gages n'apporteront de la lumière à notre visionnage.

Cinememories
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le 3 déc. 2020

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