Difficile de résumer ce film en quelques lignes, tant le champ d’exploration qu’il suggère est vaste. L’histoire des « niveaux de réalité » fait depuis toujours partie intégrante des histoires de science-fiction, mais je dois avouer que je n’avais jamais vu la chose vue sous l’angle proposé par Avalon. Car on peut, il est vrai, regarder ce film et tenter de jouer au jeu du vrai/pas vrai ?, mais le propos n’est pas là et va beaucoup plus loin…
L’histoire de Mamoru Oshii est un pur mélange de poésie japonaise et d’ultra-réalisme polonais… Comment dire… C’est un vrai choc de s’immiscer dans la vie de cette jeune (et très très très très très très belle) femme dont la vie semble n’être qu’une suite ininterrompue de combats plus violents les uns que les autres. Ses rares retours à la réalité se font dans une ville sale et triste en noir et blanc, sillonnée par des vieux tramways vides, et dans laquelle les piétons sont aussi immobiles que les mannequins. Une réalité tellement caricaturale que l’on se demande rapidement si cette réalité-là en est vraiment une… Et quelles sont les possibilités qui restent, entre jeu caricatural et réalité caricaturale ?
Au final, le message délivré par Avalon est bien plus profond qu’il n’y paraît. Les réalités se superposent et se confondent pour que les questions soulevées ne trouvent leurs réponses que dans l’esprit des spectateurs. Le film évite également l’écueil du « attention, les jeux vidéos nuisent à votre santé » en se gardant bien d’effectuer le moindre jugement moral. Le sentiment qui se dégage à la sortie, c’est une réflexion d’ensemble sur nos multiples perceptions des réalités, mais aussi un besoin immédiat et vif de contempler un ciel bleu en priant intérieurement pour qu’il ne s’agisse pas d’une série de 1 et de 0 imprimés sur un écran plasma.