L'événement "Avatar" de la fin d'année 2009 avait créé un buzz sans précédent sur le net et dans les médias, grâce à l'utilisation d'un nouveau procédé révolutionnant l'utilisation de la 3D, ce qui devait bouleverser l'industrie du cinéma dans ses grandes largeurs. Sans compter une multitude d'opérations marketing bien prétentieuses, nous promettant LE renouveau ultime dans l'univers de la science-fiction. Sauf que certains se demandent toujours où est la révolution tant attendue...

D'emblée, le spectateur en a plein la vue, émerveillé par la superbe et luxuriante planète Pandora, avec sa flore et sa faune de toute beauté et d'une richesse visuelle incomparable, le tout accompagné d'une bande son des plus envoûtantes signée James Horner. Le peuple Na'vi est très réussi visuellement et le mix entre acteur et personnage de synthèse est saisissant de réalisme. Un vrai bon en avant qui sert au mieux cette histoire féerique. Mais après...

Là où Avatar déçoit le plus, c'est au niveau de son scénario. L'histoire et la plupart de ses concepts sont plus ou moins des copiés-collés de films de science-fiction de la fin des années 80 et du début des 90, avec également une très forte influence de l'univers Star Wars (notamment la planète Kashyyyk). Et le pire, c'est quand James Cameron pioche dans ses propres films pour en refaire du neuf (par exemple les robots téléguidés d'Alien 2). Réchauffé ou simple clin d'œil trop prononcé, on se pose la question... Sans compter l'atmosphère Disney qui plane sur le film du début à la fin, en piochant bon nombre d'idées dans certains dessins animés de la firme (Atlantide, La Planète au trésor et Pocahontas en tête). Ce n'est pas en faisant un mélange hasardeux des idées et situations vues dans d'autres films que l'on arrive à un scénario digne de ce nom. On constate hélas que la qualité de l'histoire racontée n'est pas à la hauteur de la technologie utilisée. C'est extrêmement décevant de savoir qu'il s'agit d'un film réalisé par James Cameron, le réalisateur de grand succès comme Titanic. Car dans Avatar, tout est plus ou moins prévisible jusqu'à cet affrontement final à la Star Wars (sauf qu'ici les vaisseaux et engins ont des designs résolument kitschs et vraiment peu originaux). Quand on pense que James Cameron a mis 14 années pour pondre ce scénario inconsistant et banal, on est en droit de se poser des questions... Il est clair que les concepts sont très mal exploités, comme ce message écologique intéressant au départ, mais qui finit très vite par tomber dans le ridicule.

Le rythme est très lent sur l'ensemble du film, avec certains raccourcis qui n'aident en rien à la compréhension, comme cette scène d'ouverture qui est sans doute la plus ratée et bâclée. Cependant, le reste du film se rattrape avec de très beaux moments, notamment quand Jake et les Na'vis tentent de sauver Grace et lorsque Jake devient lui-même Na'vi, sans compter le très prévisible happy end. On regrette également la présence au casting d'acteurs qui ne se donnent pas à fond et qui restent peu crédibles, avec notamment un Sam Worthington peu convaincant au niveau des transitions entre ses deux corps. Que le personnage soit handicapé est une chose, mais les gros plans incessants sur ses jambes fatiguent au bout d'un moment. Ce procédé maladroit rend indirectement le personnage plus pathétique qu'attachant. Sigourney Weaver fait le minimum syndical et Michelle Rodriguez récidive dans son rôle habituel de garçon manqué (même si pour une fois elle arrive à rendre son personnage sympathique).

Sinon, il est aussi dommage que les méchants soient montrés de façon si manichéenne, un peu de subtilité n'aurait pas été de trop. Nous avons donc d'un côté les gentils Na'vis, simples et chaleureux, et de l'autre les ignobles humains d'une extrême froideur, possédant une technologie destructrice. Ces derniers sont donc caricaturés jusqu'à l'extrême : le colonel Quaritch (Stephen Lang) est un militaire borné et impitoyable, à la façon des méchants des années 80 (bizarrement, je voulais qu'il gagne et tue le plus de Na'vis possible), mais aussi Parker Selfridge (Giovanni Ribisi), le petit technocrate qui ne pense qu'aux profits et qui se là surjoue. À noter aussi la présence de nombreux clichés sur les sauvages et leur dialecte.

Malgré la pauvreté conceptuelle du film, ce dernier reste quand même un divertissement agréable et surtout dépaysant, même s'il s'oublie vite à cause de son manque d'originalité. Reste quand même la féerie de l'histoire et des paysages. Comme le héros, beaucoup de spectateurs ne voudront pas revenir de Pandora et c'est peut-être là qu'il faut chercher la seule force de ce soi-disant chef-d'œuvre. On constate que la 3D est davantage une arnaque qu'un réel plus, car elle ne sert finalement qu'à masquer les lacunes du scénario. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer qu'après un visionnage en 3D, puis un second en 2D, le film perd les 3/4 de sa saveur. Si l'on enlève cet artifice de mode au film, il n'en reste plus grand-chose. Malheureusement, une fois la projection finie, si on commence à prendre du recul et à prendre le film pour ce qu'il prétend être (une révolution), la magie laisse alors la place à de très nombreuses faiblesses dans le fond et dans la forme. La désillusion n'en est alors que plus grande.

Après un tel ratage créatif, mais cependant un indéniable succès au box-office, il faut espérer que James Cameron nous propose des suites avec des scénarios dignes de son talent, même si l'on se demande ce qu'il peut bien y avoir encore à raconter...
Libellool
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le 18 mai 2014

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Libellool

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