Vraiment la fin de la partie?

Le MCU : une nouvelle catégorie de film

« Infinity wars » est en quelque sorte l’aboutissement de l’univers mis en place depuis 10 ans, la grande réunion de tous les personnages introduits des années durant. En vrai, « avengers : end game » (dont le nom vient d’être dévoilé) en est la conclusion ultime mais « infinity wars » peut être considéré comme la première partie.

Un univers cinématographique d’un genre nouveau, des films dépendants les uns des autres, à la manière d’une série, construisant ensemble un univers plus vaste, on ne présente plus le MCU.
Un choix, au-delà de son statut de blockbuster formaté, qui suffit déjà à diviser. Certains, les plus cinéphiles essentiellement, s’irritant de cette dépendance ou les films ne peuvent plus se suffire à eux-mêmes. D’autres déplorent la trop grande ressemblance, tant dans le format narratif que dans l’identité visuelle, et le manque d’audace et de vision d’auteur qui peuvent difficilement s’accommoder avec un univers d’ensemble où les choix sont décidés à plusieurs.
Des reproches, qui sans être injustifiés, m’irritent parfois d’autant plus qu’ils surviennent inlassablement à chaque nouvel opus : je préfère voir un blockbuster bien conçu qu’un énième opus de transformers, ou de super agent éliminant à lui tout seul une organisation criminelle. Et à moins de trouver qu’une histoire d’espionnage, de conflit de 1er guerre mondiale sur fond steampunk ou encore d’affrontements dans l’espace façon heroic fantasy se ressemblent, des différences notables existent si on veut bien les voir. Des reproches redondants et un peu faciles qui biaisent un peu trop selon moi les avis sur les derniers films (black panther, malgré de nombreuses différences dans son approche, souffre d’une partie du public des mêmes reproches…).
Mais difficile toutefois, de passer sur certaines failles : un humour trop présent (très variable d’un opus à l’autre), un manque d’enjeux dans certains films, des méchants simplistes rarement développés.

Quant aux lecteurs de comics, à la joie presque enfantine de voir sur grand écran ses héros préférés, s’ajoutent la déception ou la frustration de voir des personnages mal utilisés ou des histoires transformées, qui n’ont parfois plus grand-chose à voir avec leur équivalent papier. Pour pouvoir apprécier les films, il faudrait voir le MCU comme un autre univers, les films s’inspirant des comics plutôt que les adaptant, une vision ce que tout le monde ne semble pas vouloir adopter.

A ce stade, « infinity wars », la réunion ultime, des héros de l’espace aux rues de New York, en passant par les dimensions magiques et des villes futuristes cachées, sera donc très attendu essentiellement par ceux qui ont continué d’apprécier l’univers mis en place tout au long des années (malgré une certaine lassitude éventuelle). Ceux qui le critiquent depuis le début ne changeront guère d’avis même après l’avoir vu, tandis que les autres devraient avoir exactement le spectacle qu’ils attendaient et même plus encore.

Une parfaite maîtrise de l’action et des nombreux décors

Le début du film donne le ton. Thanos abat froidement plusieurs asgardiens, et, stupéfaction, s’avère être plus fort physique que Hulk, pourtant la référence en matière de puissance brute ! L’ennemi ultime, qui jusqu’à présent restait en retrait, apparaît alors pleinement puissant et source d’un grand danger.

Nombre de personnages oblige, les scénaristes ont choisi de répartir les héros en plusieurs endroits, ce qui multiplie les zones d’actions et les histoires. Des affrontements à New York ou au Wakanda, des mondes dévastés aux installations orbitales, de quoi permettre une grande variété de décors très sympathiques. On peut alors saluer la parfaite maîtrise technique de frères Russo sur des scènes d’action de haute volée et des objets de l’environnement, des affrontements entre Iron man et Spiderman et l’Ordre noir, Doctor Strange contre Thanos, sans oublier la bataille finale réunissant les forces du Wakanda, des armures high tech, des optimisés sans oublier des renforts d’aliens !
De nos jours, les blockbusters dopés aux effets spéciaux toujours plus explosifs et étincelants sont légions, mais alors que bons nombres ont tendance à sombrer dans une surenchère qui peut parfois lasser, alignant plans rapides parfois peu compréhensibles aux images de destruction, les frères Russo parviennent à concevoir un spectacle sur 2h30 sans jamais lasser, et captiver des yeux pourtant habitués aux débauches visuelles de toute sorte.

Ceux qui auront une bonne mémoire ou qui se seront refais les films apprécieront de retrouver les divers éléments introduits, de M’Baku au Collectionneur, de Nowhere au nova corp. Avec également une très bonne surprise concernant la dernière gemme encore non dévoilé (source de nombreuses théories) et le retour d’un personnage que l’on ne pensait pas revoir.

On regrettera toutefois que les conséquences de « civil war », avec une partie des avengers considérée comme hors-la-loi par le gouvernement, soient si vites expédiées. A noter toutefois que Iron man et Captain america n’auront guère l’occasion de resserrer les liens… Dans le prochain avengers ?

Entre enjeux épiques et humour léger

Les différentes rencontres entre des personnalités explosives ont livré tout le potentiel comique attendu, d’un Star Lord provocateur à un Iron man plutôt habitué à avoir le rôle de l’égo développé, un Docteur Strange habitué à prendre des décisions tout seuls, la jalousie de Peter Quill envers le physique avantageux du dieu nordique, l’irritation de l’homme en armure envers l’immaturité de son jeune protégé, jusqu’à des répliques bien trouvées comme celle de Rocket voyant le bras métallique Soldat de l’Hiver… Fort heureusement, « infinity wars » fait partie de ces opus où l’humour est bien dosé (comme dans les captain america), et exploite habilement les différents traits de caractère et possibilités offerte (Groot adolescent, clin d’œil de l’obsession de Rocket pour une certaine catégorie d’objet…).

Source d’inquiétude concernant le traitement de la plupart des vilains par les films Marvel, Thanos est étonnement bien réussi. Loin d’être un énième cruel tyran animé d’une soif de pouvoir et de destruction, le Titan Fou agit avec ce qu’il considère être les meilleures intentions. Après avoir vu son monde natal détruit, il est persuadé que les êtres vivants en trop grand nombre sont la cause première de bien des maux. Pour sauver l’univers et tous les mondes qui la constituent, il a donc lancé plusieurs campagnes, non pour apporter la destruction aux mondes annexés, mais pour apporter la salvation. Certes, il fait preuve d’une absence de compassion lorsqu’il exécute la moitié des peuples vaincus, et il n’hésite pas à éliminer toutes personnes s’interposant entre lui et son objectif ni à recourir à la torture, mais sans éprouver de plaisirs pervers. Thanos n’agit pas pour le pouvoir en soi ni même la vengeance.
« Infinity wars » parvient même à nous faire éprouver de la compassion pour cet être pour qui aucune rédemption n’est pourtant possible, surtout lors d’une forte scène chargée d’émotion lorsqu’il doit abandonner ce à quoi il tient le plus pour obtenir ce qu’il désire…
Gamora, sa fille adoptive, jusqu’à présent éclipsée par Star Lord, se voit d’ailleurs offrir le meilleur développement.

Avec autant de héros, tous ne pouvaient bien sûr être développés de manière identique. Tous ne sont d’ailleurs pas affectés de la même façon. Pour Captain america ou la Veuve noire (qui s’est vu inexplicablement remettre l’oscar de la meilleure actrice dans ce film...), il s’agit juste de faire ce qu’ils savent faire le mieux, protéger la Terre d’une grande menace, sans qu’ils soient personnellement affectés. Ils n’ont pas de rôles influents ni l’occasion d’exprimer beaucoup d’émotions. On regrettera quand même que les retrouvailles entre elle et Banner aient été beaucoup trop expédiés…
Ce qui n’est pas le cas de Gamora, son compagnon Star Lord par extension (dont l’emportement aura de lourdes conséquences), Vision dont la gemme qui assure sa survie est une arme qui peut tous les condamner, et Scarlett Witch avec qui il a développé des sentiments. Iron man, dont la lassitude des combats se ressent toujours d’avantage, se montre au côté de Docteur Strange, qui sans être personnellement affecté, est aux premières loges de l’affrontement et déteint pour son charisme et son sentiment de puissance. Et enfin Thor, qui n’a pas eu le temps de se remettre de la perte de son père et d’Asgarde, qu’il a dû subir la perte d’une grande partie des siens.

Niveau scènes chargées d’émotion, les dernières scènes du film sont parmi les plus marquantes, lorsque malgré tous les efforts des super héros réunis, Thanos parvient à exécuter son sombre plan.

Alors oui, devant les futurs projets annoncés, et sachant que dans les univers de super héros la mort est rarement durable, on peut douter de l’irréversibilité de certaines morts. La fin n’en reste pas moins marquante, belle visuellement, et source de bien des théories et des attentes sur l’histoire du prochain avengers. Les héros tombés sont-ils bien ceux que l’on croit ? Verra-t-on d’autres menaces surgir, encore plus redoutables, ou d’autres personnages ou entités issus des comics marvel (et non Chuck Norris ne fait pas partie de l’univers marvel) ? Un nouveau monde va-t-il voir le jour par la suite ? Certaines morts seront-elles définitives ? (le contrat de certains des personnages n’étant pas renouvelé…)
Un prochain volet qui va à la fois apporter la conclusion au MCU telle que nous l’avons connu, et amorcer une nouvelle ère… Pour l’heure, même si le titre et un teaser sont sortis, très peu d’informations ont été dévoilés, les créateurs se montrant très prudents afin de préserver au maximum l’attente et la surprise.
A défaut de gemme du temps, d’ocarina ou de Tardis, il ne reste qu’à attendre…

PS : ma critique arrive bien tardivement, la faute à un manque de temps et de motivation dans l'écriture depuis plusieurs mois. Mais en bon fan de marvel, je ne pouvais ne pas écrire quelque chose sur ce film!