Avec des comédies comme le crime farpait, mes chers voisins ou l'emblématique Jour de la bête, De la Iglesia s'est forgé un réputation de joyeux trublion de l'humour noir mêlant allègrement des codes de la parodie, du fantastique et du thriller tout en allant ponctuellement chercher dans les références populaires afin de créer tout un décalage sur les codes attendus du cinéma traditionnel, et ce grâce à une patte qui lui est propre : le style de la Iglesia.

Balada Triste (ou La balada triste de trompeta) est à la fois radicalement opposé aux exemples précédemment cités mais également à mon goût l'une de ses plus grandes réussites : sombre, noir, et terriblement absurde mais ne versant jamais dans l'humour parfaitement explicite. Il ne verse qu'en de rares occasions savamment choisies dans le ridicule et le fait par petites doses compensées par des moments crus, voire violents, une vraie profondeur des personnages avec une réelle sensibilité. Si gags il y a ils sont pour la plupart du second degrès et jouent entre deux tableaux sur le décalage des pensées.

Original et bouleversant, le film s'amuse à plonger dans les jeux d'opposition : clown joyeux / clown triste, guerre / paix, entre autres, gentillesse / violence et se paye même le luxe de rappeler un bout pas si ancien de l'Histoire espagnole (le franquisme) en faisant démarrer le film sur les chapeaux de roue et de très vite montrer le jeu d'oppositions qui va durer tout le film.

Le film pourtant de taille moyenne propose une évolution importante aux personnages principaux en montrant pas à pas les évolutions des personnages en fonction des évènements sans jamais brusquer les évènements... sans pour autant les faire trainer non plus tant certaines scènes semblent brute de décoffrage. Le rythme semble parfaitement réglé pour donner au spectateur sa dose de neurotransmetteurs au bon moment entre le frisson de l’adrénaline, le sentiment de bien être et un certain gout pour le "badass" parfaitement de bon aloi.

Techniquement de moins en moins limité au fur et à mesure de ses films, Iglesia se laisse aller et malgré un visuel parfois un peu daté, le reste est largement correct par ailleurs le cinéma de l'espagnol s’accommode très bien de ces limitations techniques à tel point que c'en est devenu une marque de fabrique, une sorte de sceau de la fabrication presque organique face à un cinéma américain -au hasard- parfois critiqué pour le coté un peu trop lisse de ses effets spéciaux.

En bref : un film original, surprenant en lui-même mais également différent de la part du réalisateur qui y a clairement mis sa identité tout en ayant eu la bonne idée de plonger dans un cinéma de comédie noire plutôt proche de l'agonie et qui manque cruellement de réalisateurs de talents.
Crillus
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le 21 févr. 2015

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Crillus

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