Sans doute l'adaptation la plus fidèle de Batman.

On garde toujours cette image de Batman au cinéma, comme un héros dans le noir, très torturé, très sérieux, mais on a complètement oublié que pendant tout une époque, Batman, c'était un divertissement familial visant une moyenne d'âge de 10 ans, adapté d'une bande dessinée qui s'adressait à des enfants de cet âge là.


Il faut dire que j'ai maté ce film dans le cadre du festival Travelling à Rennes et que la table ronde sur les super héros qui avait lieu le lendemain a confirmé ce que je supposait déjà en voyant ce film : les scénaristes et les producteurs de cette oeuvre savent TRES BIEN ce qu'ils font. Si ça vous fait rire par le ridicule, le côté moralisant "over-the-top", l'idiotie des détails et des situations (Batman a un spray anti-requin) et le côté "tiré par les cheveux" des déductions de Batman sachez que c'est bien entendu fait exprès. L'idée étant d'émerveiller les enfants par des aventures extraordinaires (plein de gadgets, plein d'action, plein d'aventures) tout en faisant des clins d'oeils aux adultes en exagérant un chouilla la situation pour que ça en devienne franchement divertissant.


Beaucoup de gens attribuent ça, à tort, à une certaines naïveté des années 60 et pense que le film est un nanar dans le sens où il n'était pas volontairement drôle. En 1966, on pouvait tout à fait faire des films noirs, de la sf crédible et des méchants vraiment méchants.


Mais ça n'intéressait ni les producteurs, ni la cible visée, et c'est au fond très proche de ce qu'était le Batman de cette époque : une bande dessinée bon enfant, avec un super héros qui résout des enquêtes lorgnant du côté de la science-fiction et où le citoyen américain est irréprochable. Il suffit de revoir les couvertures de l'époque et d'en lire les intrigues pour s'apercevoir que c'est assez fidèle : on est dans un monde où Batman travaille avec la police, où personne n'a de problème grave et où le Pingouin peut s'acheter un sous-marin nucléaire parce que le chef de l'armée était juste un peu tête-en-l'air lorsqu'il a signé le bon de commande ! Même la pseudo-homosexualité entre Batman et Robin, avec lesquels les auteurs de comics ont joués pendant des années est respectée par ce film avec quelques pointes subtiles.


L'idée de la série était de mettre l'accent sur les méchants qui combattent Batman (d'ailleurs ceux-ci sont joués par des comédiens plus célèbres et plus talentueux que le couple Adam West - Burt Ward) idée qui est parfaitement respectée par ce film. Ce sont eux qui organisent les plans (tous plus débiles les uns que les autres) eux qui dirigent la trame du film et Batman et Robin ne doivent leur survie qu'à des coups de chances tous plus débiles les uns que les autres (entre l'hélicoptère qui tombe dans une vente de matelas ou un PUTAIN DE DAUPHIN qui s'est sacrifié hors champs en sautant sur la torpille qui allait tuer Batman.)


A noter que (comme je l'ai appris en Table Ronde) c'est la série, et donc, ce film aussi, qui a remis au goût du jour les méchants dans Batman. En 1966 Le pingouin, le Sphinx, catwoman et compagnie n'étaient apparus qu'une poignée de fois au cours des 28 ans de parution du comic-book. Et vu à quel point certains sont devenus des icônes, on peut dire "merci le Batman de 1966."


Toutefois, je ne suis pas aveugle non plus et je dois avouer que le film souffre de gros problèmes. Bon, les effets spéciaux ne sont pas ouf, mais on peut se dire que c'est fait exprès et qu'une adaptation de série télé filmée entre deux saisons, devait disposer de temps et de moyens limités. Mais surtout le film souffre de GROS problèmes de RYTHMES. Le film est un peu découpé en plusieurs phases, selon les plans esquissés selon les méchants et ça se voit qu'on est plus dans trois épisodes collés les uns aux autres que dans une trame complète de deux heures. Et la fin se traine en longueur avec une n-ième péripétie qui met bien 10 minutes à se résoudre (tout ça parce qu'un personnage secondaire à éternué.)


De plus, la distribution du temps d'antenne est complètement inégale : on pourrait s'attendre à ce que à chacun son tour chaque méchant mène la danse, mais non : en gros, le pingouin et catwoman ont les idées et les exécutent, le Sphinx envoie des messages débiles à Batman et le Joker.... bah, le Joker ne fait rien de particulier. Il est habillé en clown, il rigole, mais ça aurait pu être un autre super-méchant à sa place que le film aurait à deux ou trois détails près, le même.


Du coup, au final, on sent parfois une pointe d'agacement, voire de mou. Dommage, car le film réussi à être très drôle par un côté "campy" totalement assumé.

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le 11 févr. 2017

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