-Mesdames et Messieurs, Ceci est le procès en chambre ouverte de Monsieur Lambda, dans l'affaire "Batman et Robin". La séance est ouverte, la parole est au procureur.


-Merci, votre honneur.
En introduction, je m'efforcerai de présenter le personnage qui nous fait face, ainsi que ses allégations, semblables à des jets d'acide, envers l'oeuvre cinématographique "Batman et Robin".


En effet, ce triste personnage, membre d'une organisation criminelle très étendue, s'est livré à maintes reprises, et en public, à des déclarations houleuses, moqueuses, et gratuites, à destination du film susmentionné.
Pour combattre ce mal absolu, je me ferai le représentant de la justice !
Dans mon plaidoyer il n'y aura ni parties anatomiques déplacées, ni moyens de paiement outranciers, ni allusion à de mauvais déplacements de sourcils ; Il sera articulé autour d'une dualité d'axes majeurs : Nous bousculerons les points de vue établis sur le film, et étudierons le phénomène de comparaison négative qu'il subit .


Batman et Robin, dans l'imaginaire collectif est résumé à quelques points : un scénario risible, des dialogues rendus indigents par l'importante densité de jeux de mots ridicules, des couleurs criardes et inadaptées, des acteurs offrant une performance digne d'une huître moldave paralysée de la face gauche.



  1. c'est le nombre de jeux de mots et blagues tirées du champs lexical de la cuisine que l'on dénombre dans les 12 minutes et 33 secondes d'un épisode du dessin animé de Batman de 1968 sobrement intitulé d'après le grand Rival de Batman : Simon, le roi de la tarte (si si, je vous assure).
    Soit une blague de mauvais goût (voila la 44) toutes les 17 secondes.
    Un ratio à faire pâlir notre champion Arnold Schwarzyfreeze.
    Il est intéressant de noter que cette série animée fait suite à la très célèbre série de 1966 voyant Adam West incarner les prémices du chevalier noir, puis aux films avec le même acteur.
    Ces quelques oeuvres représentent les débuts du justicier sur un écran.
    Ces débuts sont une retranscription assez logique des premiers comics Batman, monuments du kitsch, avec leurs couleurs criardes, les dialogues très peu inspirés, issus du travail du légendaire (dans le milieu du moins) Jim Aparo, puis poursuivi par un certain Dick Sprang (ce nom n'est pas du tout une onomatopée).
    Et l'on sent naturellement de cette courte description se dessiner les contours de notre victime : Batman et Robin en emprunte tous les éléments !


-Tous ?


-Tous, César, euh, votre honneur !


Loin d'être aussi excentrique et insensé qu'on le prétend, Batman et Robin reprend tous les codes des origines de la série. La légèreté de l'histoire, l'absence de tension dramatique, les blagues, les couleurs outrancièrement flashy, et les costumes peu virils.
On peut associer ces clichés au mouvement "Camp" ( conduit par la volonté d'émergence et d'acceptation des homosexuels, se sentant défavorisés, voire opprimés) que soutient Joel Schumacher et auquel il fait largement référence dans son film.
Les personnages sont peu travaillés, pas de Joker qui vient nous faire réfléchir sur l'absurdité de l'existence, Pas de Bane aux relents Marxistes mélés de Nihilisme, pas de Batman torturé par l'éternel paradoxe de son existence.


Batman et Robin en film complète Batman et Robin en comics, 2 versants d'une même montagne !


A l'heure où les origin stories sont plus qu'à la mode,votre honneur, pourquoi Monsieur Lambda l'ignore-t-il effrontément ?


Miller.


Ce satané Miller a réinventé Chauve-souris homme, en posant les bases du personnage torturé et sombre que l'on connait désormais.
Et ainsi Burton enfonça le clou dans le coeur du batman originel, avant de laisser Nolan l'écraser de son Batbuggytank.
Et voila que s'amorce notre 2ème partie, si ces 3 cavaliers de l'apocalypse n'étaient pas venu écraser le rat-volant, que penserions nous de ce film ? En quoi sont ils mieux ?
Et la encore et toujours 2 visions s'opposent !


En quoi un batman sombre, en armure de combat, maitrisant 253 arts martiaux, appris en 5 ans, légèrement philosophe sur les bords serait-il un meilleur meilleur personnage que celui incarné par Adam West ou George Clooney ?
On parle quand même d'un demeuré qui enfile des collants pour se déguiser en rongeur volant, afin d'aller faire peur à des délinquants une fois la nuit tombée !


En quoi un Joker torturé, psychopathe, manipulateur et diablement intelligent serait il plus crédible qu'un Cesar Romero en costume rose ?
On parle quand même d'un clown qui fait des gags à coup de fleur lance acide et de dentiers péteurs, au volant d'une voiture dont le capot est moulé en forme de son propre visage !


En quoi un Bane ultra présent, charismatique, lui aussi philosophe sur les bords (c'est quand même très en vogue) se révélant en fait être un sbire classique d'une fille à papa est il plus crédible qu'un prisonnier rendu tellement fou par le venin que son esprit est rongé au point de ne plus penser et ne plus parler ?
Le Bane décrit dans la série Knightfall (le scénario plus spoilé de l'histoire du comics), même si on veut nous faire croire à son génie, grâce à son infaillible plan pour détruire Batman, se révèle juste être un fainéant qui laisse les sbires affaiblir batman juste pour en ramasser les miettes, en se gaussant d'être l'homme le plus fort du monde.
Beaucoup de rodomontades pour peu d'action, votre honneur !


-Monsieur le procureur, rasseyez-vous, s'il vous plait !


-Alors finalement, quel est le mieux votre honneur ?


-Veuillez lâcher ce marteau, je vous prie !


-Fidélité ou Déni ?


Comics ou réalisme ?


Batspray anti-requin ou char d'assaut ?


-calmez-vous, Monsieur D...Aaaaaargh !


-PILE OU FACE ??

BeedlesLeBrave
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le 24 févr. 2016

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