Excellent film d'action pour (grands) enfants. Centré sur Superman, donc pas de raison d'être du niveau d'un Batman (de la phase Nolan). Les fans de Batman seront lésés s'ils n'ont pas été préparés par Man of Steel tant ses scènes sont superflues en plus d'être modestes (son majordome apparaît seulement pour lâcher une réflexion excellente sur la revanche des 'nuls'). Son incarnation par Ben Affleck est des plus transparentes. Elle ne produit rien plutôt qu'elle ne dégoûte ou même ne déçoit ; ce Batman-là gère ses grandes affaires sobrement.


Pour le reste le divertissement est assuré, tout aussi élégamment mais plus coloré ; par contre Superman est accablé d'incohérences démesurées. Comment peut-il savoir en quelques secondes ce qui se passe à plusieurs kilomètres ; comment peut-il se balader ainsi sans être identifié et sans que Clark Kent soit reconnu ? La façon dont il manage sa vie et son entourage sont également peu convaincantes. Ces problèmes ont peut-être déjà été réglés ailleurs mais demeurent. Le premier pourrait se digérer immédiatement dans un cartoon, les suivants gâtent toute la bonne volonté qu'on voudra y mettre (les Spider-Man de Raimi, souvent jugés trop puérils ou gratuits, ne laissaient pas courir tant de faiblesses).


Les clichés en rafale sont l'autre point limite, mais aux contreparties meilleures. Ils écrasent la première heure. Le numéro de Lex Luthor est lourdingue, dans la lignée de ceux de Johnny Depp – et son personnage est peu puis mal défendu. Mais la foire a ses avantages : relance garantie avec l'intervention (un peu ridicule pourtant) de Wonderwoman, joies primaires du Doomsday. Superman sous les traits d'Henry Cavill est définitivement objet sexuel ou sex symbol (à préciser), ce qui facilite généralement une ouverture du marché et une longue carrière.


Le sens politique droitier et élitiste est encore de la partie. La sénatrice démocrate dans sa croisade contre les « au-dessus des lois » amalgame les héritiers pourris comme Luxor aux bienfaiteurs suprêmes comme Superman. Cette cible est relativement épargnée par Snyder dans la mesure où il lui accorde plus de dignité qu'aux agités gauchistes. Elle est aussi plus intéressante car impliquée dans le pouvoir. À travers elle sont stipendiés la rigidité et l'orgueil de ces gens aux prétentions morales et civiques, ces activistes incapables de reconnaître leur infériorité. Même face à des êtres surnaturels, ils brandissent encore la loi et les autres remparts des jaloux et des hargneux ! Pour sa défense, en-dehors de leurs super-pouvoirs, ses adversaires sont loin d'être les meilleurs – le tour de piste est un meilleur argument que ses exécutants.


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le 11 nov. 2018

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