C'est avec fébrilité et impatience que la sortie de Batman V Superman arrive enfin. Annoncé depuis le San Diego Comic Con de juillet 2013 avec des citations du Dark Knight Returns de Frank Miller, le film est devenu la perle inespérée des fans de super-héros et principalement de Dc comics.
Le « dynamic duo » Zack Snyder/David Goyer revient après leur reboot de Superman, Man of Steel. Christopher Nolan est toujours producteur exécutif et Chris Terrio, scénariste de Argo de Ben Affleck, apporte au scénario sans aucun doute le contexte socio-politique indispensable à cette répercussion qui se veut réaliste de l'arrivé d'un extraterrestre surpuissant sur notre petite planète bleue.
Zack Snyder a ses gimmicks sur lesquelles ses détracteurs se fondent. Snyder avance dans sa carrière en mettant en scène nombreux de comic-book-movies dans une esthétique caricaturales et picturales ; de l'adaptation de 300 du manichéen Frank Miller à celle du chef d'oeuvre de papier Watchmen du pape Alan Moore et de ses développements théoriques sur le surhomme nietzschéen.
C'est dans cet état d'esprit que Snyder continue sa carrière en s'attaquant cette fois au deux figures les plus populaires du genre. C'est la rencontre de deux mastodontes que tout oppose qui nous est narré : Le dernier fils de Krypton contre le Bat de Gotham, le Dieu contre l'Homme.
Présenté de la sorte dans Man Of Steel, Snyder appuie on ne peut plus l'aspect messianique de Superman. Les puristes seront sans doute perdus de ce Kal-El prit entre deux eaux, ne sachant pas s'il doit faire se qu'il peut faire. Le film ne lui donnera malheureusement jamais l'occasion de répondre par lui-même. Il ira chercher des réponses auprès de ses parents adoptifs, de celle qui le rend humain, Loïs, mais la question demeure : un être aux pouvoirs si puissant a-t-il sa place parmi nous ? Pas pour Bruce Wayne. Nous le découvrons dans une scène épique à Metropolis où il assiste impuissant à la destruction et aux victimes qu'entraîne le combat Superman/Zod. Avec pour objectif de stopper cet alien, Ben Affleck campe un Bruce Wayne inédit, torturé, vieillissant et porté sur la bouteille. Un Bat-vigilante qui agit depuis 20 ans auprès des criminels de Gotham et qui y a laissé gros : la mort d'un équipier (le costume d'un Robin tagué par le Joker), le manoir Wayne en ruines, … Le Batman est devenu une brute marquant ses victimes au fer rouge et tuant avec moins de remords qu'à son habitude.
L'affrontement entre les deux icônes ne peut avoir lieu qu'après manipulation d'un Luthor hyperactif, prophète et aux références culturelles (littéraire, historique et picturale) nombreuses.


*Batman V Superman* s'impose comme un film de héros mythologiques plus que de super-héros. La dimension icônique et divine (l'arrivé flamboyante de Wonder Woman en ajoute dans ce sens) des personnages de chez DC Comics donne un film mature, sombre, torturé, qui soulève les questions principales des conséquences de l'arrivé de telles figures dans un paysage moderne. Nous sommes loin des personnages haut en couleurs racontant des blagues en toute occasion ou de dieu nordique parlant du swing de son gros marteau alors qu'un pays entier est entrain d'être détruit (cf. *Avengers Age of Ultron*). Warner/DC et Snyder prennent contre-pied à cette concurrence décérébrée en posant une profondeur à ses héros symboliques comme Richard Donner l'avait fait en 78 (Superman a le pouvoir de remonter le temps pour sauver sa bien-aimé et de contredire les commandements de son père mais doit-il le faire?) ou Tim Burton en 89 et 92 dans son Bat-verse gothique.
Sous la grandeur assourdissante des thèmes musicaux de Hans Zimmer et Junkie XL, les symboles s'affrontent autant que les symboliques jusqu'au final épique et apocalyptique. Une dernière demi-heure où une trinité fraîchement formée s'unit dans un combat dantesque maîtrisé par un Snyder inspiré qui imprime pour notre plus grand plaisir des tableaux destructeurs sur notre rétine.
Le film a ses qualités mais ses limites se trouvent dans l'univers étendu annoncé. La séquence rêvé de Bruce d'une terre aux ordres d'un Superman devenu l'allié des para-démons de Darkseid, la brèche temporelle incluant un Flash du futur, ou encore la volonté de nous montrer tous les fichiers des méta-humains connus se révèlent de trop, des séquences qui arrive tôt, qui se prennent presque comme sorties d'un autre film, mais qui garde une certaine importance et cohérence sur la toute fin.
Bref, *BvS* est là avec ses icônes, ses défauts (faire de Metropolis et Gotham des villes voisines, la facilité qu'a le gouvernement américain a utiliser la bombe atomique, ....) et ses qualités, rendez-vous en 2017 pour *Wonder Woman* en solo et un voyage sur Apokolyps dans *Justice League* où Snyder pourra détruire encore plus que d'habitude !

Créée

le 24 mars 2016

Critique lue 348 fois

3 j'aime

PierrickLafond

Écrit par

Critique lue 348 fois

3

D'autres avis sur Batman v Superman : L'Aube de la Justice

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

le 25 mars 2016

116 j'aime

35

Du même critique

Cendrillon
PierrickLafond
6

To be or not to be... a classic.

Après les déceptions successives de Alice aux pays des merveilles (2009) et de Maléfique (2014), nous pouvions nous attendre au pire pour cette nouvelle transposition live d'un classique animé. La...

le 30 mars 2015

11 j'aime

Knight of Cups
PierrickLafond
10

Fantômes esthétiques, le reflet d'un monde en perdition.

À l'aboutissement de Tree of Life et To the Wonder. Finalité du néant. Avec Knight of Cups, Malick pousse les curseurs de l'esthétique entamée dans ses deux précédents métrages. Le film retrouve à...

le 25 nov. 2015

7 j'aime

2

Pacific Rim
PierrickLafond
3

Critique de Pacific Rim par PierrickLafond

Pacific Rim se résume à trois scènes d'actions. Le reste n'est en fait qu'un enrobage pour les lier. L'intrigue du film est aussi développée que les personnages : le minimum est de rigueur. L'enjeu...

le 13 juil. 2013

4 j'aime