Une comédie qui emprunte tous les sentiers émotionnels

Lorsque j'ai vu la bande-annonce hilarante composée d'un casting époustouflant : plus qu'une envie, voir ce film. Quelle merveilleuse idée de réunir Didier Bourdon & Josiane Balasko dans un couple !
Le Splendid & les Inconnus se marient plutôt bien.


Très souvent dans les comédies françaises populaires comme Brice de Nice ou Camping, les bande-annonces sont plus drôles que les films.
Là encore, le film ne présente que peu de gags dans sa scène d'exposition : il plante le décor. Fatalement, avant la séparation qui entraîne les quiproquos théâtraux et les interdits, on nous montre la relation des beaux-parents avec leur gendre. Si bien qu'entre le moment de la bande-annonce et le film, on en oublie qui est l'enfant du couple Balasko-Bourdon.


Malgré quelques génies comiques de Didier Bourdon, le film fourmille de sujets bouillonnants mêlant la subjectivité de tout à chacun à ses propres histoires personnelles.
La fille est hystéro, tordue, dans le jargon psychanalytique, on la décrira comme pathologique et obsessionnelle compulsive. Jusqu'à engager un détective pour surveiller ses parents, le "mensonge" entraînant une paranoïa chronique et leur interdisant de revoir leur gendre.
Il n'y a aucune loi qui stipule que les parents ne sont pas libres de leurs moindres faits & gestes, et par conséquents de leur fréquentation.
Pour bien leur faire comprendre les enjeux de cet interdit, on les menace par un chantage affectif : en gros c'est lui ou moi.


La colère me gagne et fiche mon impartialité légendaire, mais les pitreries de Bourdon me font éclater de rire, la fille pardonne, puis replonge dans l'hystérie contagieuse.
"On peut pardonner et ne pas tout fiche en l'air pour une fois (au chalet), en trente ans, y a prescription".
Bien évidemment, chacun s'identifie. Chacun y va de son anecdote personnelle, de son vécu. On pense à tous ses névrosés qui ont oublié d'être bêtes puisqu'ils lisent "Le Parisien" partiellement sur leur site internet, en s'arrêtant avant la coupure publicitaire : "pour lire l'intégralité de l'article, abonnez-vous". On pense à tous ceux, disais-je, qui jartent de leur vie aux métastases proches de l’Encéphalogramme reptilien, une personne pour "un faux pas une fois en trente ans", puisque happy-end des comédies françaises, chacun se réconcilie à la fin.


Balasko ne fait plus de camping car avec Paolo et deux autres brésiliens lors d'un poker-frites endiablé, le père de Bourdon qu'il n'a pas vu depuis 37 ans fera un barbecue final et changera le bébé tant voulu par le couple protagoniste.
Mais pas dans la vie, où les rancuniers dénigrent "une chose qu'on n'a pas fait. C'est comme si on m'accusait d'être allé à Venise, je peux pas fournir de preuves comme des photos qui n'existent pas de lieu où je ne suis jamais allé" comme argumentera Bénabar, qui a bien fait de ne pas être son propre parolier.


Alors on rit, on pleure, on s'énerve car tout cela est bien trop réaliste et mensonger, il n'y a plus que dans le 7ème art que la vérité triomphe, bien que celle-ci soit fictionnelle, et où les fins sont heureuses, elles nous renvoient dans notre réalité monocorde où ceux qui ont déserté nos rivages sans raison ne reviennent pas, d'où un goût amer, consolé par un Bourdon au mieux de sa forme, et un plaisir non dissimulé de retrouver Bruno Salomone.


On emprunte tous les sentiers des émotions, la colère, le mensonge, l'injustice détournée par Balasko-Bourdon et des personnages remarquablement dessinés, qui marquent les esprits, on sort d'une simple comédie, elle fait non seulement du bien aux zygomatiques livrées à la tétanisation crispée, mais aussi au cœur, et on préférerait davantage de comédies de ce genre, acerbes, sans pour autant dénoncer au vitriol, qui mettent le doigt sur des sujets qui fâchent, qui concernent, et qui apaisent quand par procuration elles se règlent bien pour les autres.

SebRendly
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le 15 mai 2020

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Seb Rendly

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