Un bar où les pintes de bière se vident à la vitesse des corps qui se déhanchent sur la piste, un endroit où les ambiances musicales se succèdent au rythme frénétique de la soirée, un lieu de perdition où viennent s'échouer les gens qui veulent oublier leurs soucis : bienvenue au Belgica, l'établissement accueillant n'importe qui prêt à prendre part à la folie de la nuit.
Comme on peut s'y attendre, un montage rapide et un mélange de lumières colorées participent à la retranscription de l'ambiance si particulière de ce lieu underground. Mais Felix van Groeningen va également impliquer le spectateur par le biais d'une musique volontairement trop forte et d'une caméra suggérant le point de vue d'une personne ivre, ce qui donne des images floues et légèrement ralenties. En résulte des scènes festives nerveuses, prenantes, qui fonctionnent aussi grâce à un système de contrepoint.
En effet, le film s'attache à montrer les coulisses de l’établissement, géré tant bien que mal par deux frères, Jo et Frank. Leur relation fraternelle est tantôt bon enfant, tantôt difficile, et leur conflits occasionnels, exacerbés par un mode de vie éreintant, provoqueront la chute du bar, dont les prémisses sont visibles très tôt dans le récit. Ce déroulement est particulièrement convenu, sans compter qu'une lente conclusion alourdit la fin, mais l'histoire reste intéressante car elle est vécue par des personnages suffisamment bien écrits pour être attachants.
Les employés du Belgica sont tous le temps les uns sur les autres, ce qui amène logiquement un ras le bol général survenant au moment où le spectateur est complètement écœuré par le monde de la nuit (ce qui est quand même une prouesse). Une des femmes fait même explicitement référence à ce ressenti, ce qui la ramène beaucoup vers le public. Ces marginaux subissent les conséquences de leur travail (c'est particulièrement visible lors des scènes avec les compagnes des deux frères) et ne paraissent finalement pas si déconnectés de la réalité.
Malgré son histoire banale, Belgica est un film aux qualités évidentes. Malheureusement, peu de choses ont retenu mon attention. Je ne garderais sans doute pas grand souvenir de ce long-métrage, à l'exception peut-être de la musique, qui est quand même vachement bien fichue.