Après des décennies d'absence sur les écrans et en vidéo, "Belladonna" débarque en France pour une ressortie salle en version restaurée 4K ! Quoi de mieux pour découvrir ce film d'animation réalisé par Eiichi Yamamoto en 1973 et pour mieux appréhender l'OFNI dément qu'il est ? Dément, le terme est bien choisi. Avec "Belladonna", Yamamoto s'inspire d'un essai de Jules Michelet pour raconter l'histoire d'un "amour pur et pornographique" comme il le dit lui-même. Soit l'histoire de Jeanne, une paysanne amoureuse de Jean, son mari mais qui se fait violer par le seigneur de son village et tous ses sbires. Décidée à se venger, Jeanne fait un pacte avec le Diable et devient une sorcière, plus puissante et plus influente que la femme de son seigneur. Dès le début, "Belladonna" s'impose par son animation caractéristique. Une animation limitée par le budget du film mais qui le transforme en une œuvre hypnotique où ce qui n'est pas figé dans les illustrations du peintre Kuni Fukai prend vie avec des allures psychédéliques où le sexe sert d'élément d'émancipation à la condition de la femme. Jeanne, faisant l'expérience du sexe avec le Diable en personne (petit être phallique qui se glisse dans sa robe dès leur première rencontre) va apprendre qu'elle peut être beaucoup plus qu'une simple paysanne et va former, avec son corps à moitié nu la plupart du temps, une contestation à l'ordre établi. Œuvre féministe malgré elle (Yamamoto nie avoir fait le film pour affirmer un certain féminisme mais ne renie pas l'interprétation qu'on peut en faire à ce niveau-là), "Belladonna" viendra titiller tous nos sens à travers son animation riche et colorée, sensuelle et figée, psychédélique et pop. Déroutant à chaque nouvelle scène, érotique à souhait et puissant dans son évocation de la puissance de la femme qui s'émancipe, voilà bien un film qu'il serait dommage de ne pas découvrir et qui implique une seconde vision, ne serait-ce que pour en saisir toute la poésie.