Belle de jour par Justin M

Je m'attendais à mieux pour un Buñuel comme celui-ci. Dans un couple riche, la femme (Catherine Deneuve) se retrouve lassée de son mari et prend conscience des fantasmes qui la hante. Dit comme ça, et associé au discours général et à la patte naturellement surréaliste du cinéaste, on peut s'attendre à quelque chose d'assez fou. Et ça l'est, dans la première partie surtout. Le film commence par une séquence assez déstabilisante, irréelle car le contexte dans lequel Buñuel nous pose ne peut en aucun cas permettre une scène aussi gratuite. En 5min, le réalisateur détruit la bourgeoisie.

Et c'est ce qu'il fait pendant 1h40, puis malheureusement à partir d'un moment ça ne prend plus, ça s'étire. Car quand le film trouve son point d'accroche par rapport au récit, il étire ce dernier jusqu'à la fin. Du coup, ça tourne bien trop en rond, même si on arrive quand même à apprécier tant l'utilisation de la bourgeoisie est transgressive par rapport aux conventions. La luxure, les bons mots, la bienséance permanente, sont tous des concepts qui se retrouvent brisés, et on voit que le surréaliste prend plaisir à le faire, comme ce fut le cas dans L'âge d'or.

C'est un concept intéressant sur le papier, mais qui prend forme en demi-teinte, à cause d'un manque de renouvellement au niveau de l'exploitation du surréalisme, que ce soit visuel ou narratif.