Patient : Gattaca
Symptômes : Le parasitisme de la forme sur le fond
Le cas Gattaca... ou comment un film sur l'eugénisme fini par être aussi froid et déshumanisé que ce qu'il dénonce.
Propre, le film l'est assurément. Oserai-je diagnostiquer un peu de superficialité eu égard à l'aspect quelque peu... lisse, de ce film. L'envie de n'en dire que du bien est bien présente mais tout cela manque tout de même de personnalité.
Parlons peu mais parlons métaphore financière... Ce film, de par son soin apparent souffre d'un triple A...
TRIPLE A
Aseptisé. Le manichéisme du propos et du partis pris esthétiques sont
de rigueur, donnant naissance à cette œuvre qui ressemble autant aux
autres. Ou tout au plus, elle ne sort pas du lot selon mon examen.
Austère, à l'image de ces bâtiments, de ces produits parfaits, humains calibrés, de la sélection eugéniste. Si bien que l'attachement émotionnel est, sinon impossible, compromis
Automatique. Tout paraît automatique, méthodique, du cadrage aux
mouvements de caméra, de la lumière à la bande son. Pinacle de cette
sensation, cette romance paraît obligée, forcée et sans âme.
L'écriture est automatique.
Ironique, non ?
Si bien que le discours sur l'être humain au-dessus de l'eugénisme me paraît dissonant. C'est à regret que j'écris ce bilan, le film étant techniquement impeccable... N'empêche. L'émotion au cœur du système eugéniste ne prend pas.
"Je t'ai prêté mon corps, tu m'as prêté ton rêve"
Il n'y a guère de risques de rechute... je vois poindre, au contraire, une exception notable dans les maux du patient... L'histoire d'amitié, entre ces deux hommes, est également dissonante. Pour le meilleur. Face à l'individualisme que prône cette société, l'amitié sincère qui se développe est bien plus marquante que ce pseudo-amour.
Une œuvre qui se voudrait volontiers humaniste... devient tristement prévisible, froide, sans âme ? Je vous laisse juges.