Bienvenue à Marly-Gomont par pierrick_D_

En 2006,Kamini,un rappeur inconnu,remportait un succès inattendu avec son titre "Marly-Gomont",inspiré de son enfance difficile de jeune noir dans un village de l'Aisne durant les années 70.La chanson est très marrante mais aussi assez désobligeante pour le patelin et ses habitants,tenant plus du règlement de comptes que de l'hommage.Le mec a disparu ensuite avant de refaire surface en 2016 avec la même histoire transférée sur le support cinéma.Il a eu l'idée originale d'un film dont il a coécrit le scénario,sous son nom complet de Kamini Zantoko, avec le réalisateur Julien Rambaldi et,c'est là que ça se gâte,le fameux Benoît Graffin qui n'a jamais été foutu d'écrire une seule ligne correctement,ce qui lui vaut naturellement d'être un des auteurs les plus employés du cinéma français.C'est donc tiré d'une histoire vraie,ce qu'on a du mal à croire un seul instant tant tout est résolument excessif,caricatural et invraisemblable du début à la fin.Il s'agit donc de rendre hommage à Seyolo Zantoko,le père du chanteur,venu s'installer en 75 comme médecin dans ce coin paumé de la campagne picarde.Ca commence très mal question authenticité car le docteur fait venir sa femme et ses deux enfants,huit et douze ans environ, de son Zaïre natal,ce qui parait étrange quand on sait que Kamini est né dans un village proche de Marly et n'a donc jamais vécu dans l'ancien Congo belge.La suite n'est qu'un tourbillon de caricatures grossières,de coïncidences mortelles et d'invraisemblances criardes.Ceux qui prennent le plus cher sont les péquenots du bled,des racistes indécrottables qui vont accueillir la petite famille africaine de manière absolument scandaleuse.Certes,le racisme existait dans les seventies,mais là ça dépasse l'entendement.Ce n'est même pas que ces gens soient méchants,mais ils sont d'une bêtise et d'une ignorance qui explose les compteurs.Déjà,ils n'ont jamais vu un noir de leur vie,ce qui est quand même surprenant.D'accord,c'est la campagne mais on est en 75,pas au Moyen-Age,ils devraient au moins savoir que ça existe.Du coup,ils voient débarquer avec effarement les Zantoko,tout juste s'ils ne se signent pas à leur passage.Pourtant,ils sont censés être au courant de leur arrivée qui était prévue,entendue avec le maire,une info qui aurait dû circuler très vite dans un aussi petit patelin.Après,ces braves paysans refuseront de se faire soigner par le médecin,préférant effectuer trente bornes aller-retour pour consulter ailleurs,leur santé dût-elle en pâtir.Il est permis d'être con mais là on frise la démence.Le pauvre Seyolo va donc passer des mois sans voir un patient à son cabinet,on se demande d'ailleurs comment il tient le coup financièrement.Et même quand il finit par sympathiser avec les locaux,ceux-ci refusent qu'il les soigne car pour eux un docteur black ça n'existe pas,ils ne croient tout simplement pas qu'il puisse être ce qu'il prétend.De temps en temps,une partie de la famille résidant en Belgique vient voir les Zantoko,et eux non plus ne sont pas épargnés par les clichés.Stupides,braillards,sans-gêne,ils se pointent systématiquement en étant les plus bruyants possible pile au moment où les autochtones sont en plein recueillement,que ce soit devant le Monument aux Morts ou à l'église.Finalement écoeuré,prêt à partir de ce trou,Seyolo sera rattrapé in extremis par deux miracles complètement absurdes.D'abord,il doit accoucher une patiente dont le bébé prématuré veut sortir pile la nuit de Noël,c'est plus spectaculaire,la dame étant pile la première patiente s'étant présentée au cabinet et s'étant enfuie en découvrant la couleur de peau du toubib.Cet évènement changera le regard des gens sur Seyolo mais ce qui sera décisif est le fait que Sivi,la fille du docteur,devient la star de l'équipe de foot locale.Encore un truc qui tombe bien,la petite est une footballeuse accomplie.Alors là,on pénètre dans une autre dimension.Une fille qui joue dans une équipe masculine,ça ne se voit pas beaucoup et ça n'existait carrément pas dans les années 70.Mais ce n'est pas le pire car la gamine fait partie de l'équipe première,des adultes donc,ce qui n'est guère conforme aux règlements de la 3F.C'est quoi,ça,double surclassement?Triple?Vous imaginez,une gamine d'à peu près douze ans lâchée sur un terrain au milieu de balèzes de vingt ou trente ans?Mais le carnaval ne s'arrête pas là car la petite c'est M'Bapé puissance mille.Elle dribble tout le monde,elle plante des buts à n'en plus finir et elle tient sans problème physiquement sur des matches entiers.Mais bien sûr....Toujours est-il qu'après ça les abrutis de la cambrousse font tout pour garder leur médecin,au grand dam du salaud d'opposant au maire qui a tout tenté pour saboter l'installation de Zantoko.On l'aura compris,tout ça relève du foutage de gueule le plus débridé et c'est bien dommage car c'est vrai que l'histoire est belle et que Seyolo est un formidable personnage.Ce type droit,toujours positif malgré les multiples embûches,vraiment désireux de s'intégrer et prêt à tout faire pour ça en dépit de l'hostilité générale,cultivé et conscient du rôle de la culture et de l'éducation dans l'existence,digne et courageux en toute circonstance,inspire le respect et la sympathie.Si tous les immigrés étaient de ce calibre,les problèmes de cohabitation interraciale disparaîtraient vite.Son fils et ses acolytes ne lui ont hélas pas tout-à-fait rendu l'hommage qu'il méritait avec ce pauvre film.Marc Zinga est extraordinaire et exprime à merveille toutes les facettes de ce beau personnage.Aïssa Maïga,l'actrice qui se plaint en permanence de la discrimination alors qu'on la voit et entend partout se loupe gravement et en fait beaucoup trop pour être crédible,un surjeu dont elle est coutumière.Les enfants Médina Diarra et Bayron Lebli sont très bien.Rufus campe un paysan plus lucide et intelligent que les autres avec une belle humanité tandis que Jonathan Lambert est parfait en sale type manipulateur.L'humoriste Thomas VDB est quant à lui convaincant en péquenot idiot et crasseux.