Derrière ses litres de sang, ses outrances dégueulasses et sa grosse guitare électrique, Bienvenue à Zombieland file un propos plutôt intéressant : la dimension salvatrice du jeu collectif dans une société individualiste. Car le zombi incarne l’être seul au monde qui a besoin de la chair de ses semblables pour survivre ; à son opposé, ce sont des solitudes qui s’apprivoisent et se soudent entre elles pour aboutir à un groupe d’amis certes instable – la voiture n’est jamais loin de partir –, mais réuni autour de valeurs communes, dont la première est la liberté au sein d’un monde aveugle et aliéné.
Ce plaisir du jeu se retrouve dans la destruction des mutants et des lieux rencontrés : pensons à ce magasin d’objets indiens ou à la maison de Bill Murray qui devient, le temps d’un voyage halluciné, une mémoire du divertissement hollywoodien (S.O.S. Fantômes en tête). Nul hasard, par conséquent, si le film choisit pour son dernier acte un parc d’attraction désaffecté : en un coup de main, Wichita redonne vie à une fête foraine, peu soucieuse des risques qu’une telle action peut provoquer. On veut juste s’amuser, passer du bon temps – la fameuse récompense que doit apporter une journée – et oublier l’horreur environnante.
Dommage que cette belle thématique subisse justement ce qu’elle pointe du doigt : l’uniformisation du geste. Le film se vautre dans une violence gratuite et complaisante qui, à force d’être exhibée, finit par perdre de son impact visuel et dramatique : les têtes explosent et se ressemblent, les tripes sortent dans une codification galopante. Passé le premier quart d’heure, le spectateur a compris les modalités de représentation de la violence, si bien qu’il l’anticipe comme quelque chose d’automatique.
Le plaisir, évacué de la sorte, rebondit néanmoins sur d’autres trouvailles : le Bill Murray zombi en est un parfait exemple. En résulte un contre-récit d’apprentissage au propos intéressant mais qui tombe vite dans la répétition ad nauseam de sa propre structure, la faute à un manque de rigueur qui empêche l’ensemble de s’élever au-delà de la simple pochade gore. Sympathique, Bienvenue à Zombieland manque néanmoins de mordant.