Edward Bloom est mourant.Son fils,avec qui il était en froid,lui rend visite afin de régler ses comptes avec ce père fantasque qui a passé sa vie à lui raconter des histoires extraordinaires et invraisemblables qu'il prétend avoir vécues.William voudrait enfin connaître la vérité à propos de l'existence de son paternel.Le roman de Daniel Wallace semblait écrit pour être adapté par Tim Burton tant il correspond au style poético-baroque du cinéaste.Et de fait la rencontre de leurs deux imaginaires produit des étincelles,Burton étant comme un "gros poisson" dans l'eau en un tel contexte.Sa caméra virevoltante,ses images superbes,ses délires visuels toujours surprenants impriment un rythme solide au film et font passer délicieusement les deux heures et demie de projection.Il nous propose un conte de fées dégénéré entre horreur et naïveté,et un voyage à la fois tonique et mélancolique à travers les mythologies sociales,littéraires et cinématographiques de l'Amérique.Il est ici question du gigantisme,de l'esprit d'entreprise et de la volonté de surpassement d'un pays hors-normes,à travers le parcours d'un citoyen ordinaire mais obstiné dopé au rêve américain.Ce récit à la "Forrest Gump" parle de basket,de base-ball,de foot américain,de cirque,de la guerre de Corée,de hold-up foireux,de ruine et de fortune,mais surtout de solidarité,d'amour et d'amitié.On y croise entre autres un bon gros géant à la Bigfoot,un loup-garou sympa,une forêt pleine de pièges,un champ de jonquilles,le joueur de banjo de "Délivrance",la ville-fantôme de "Brigadoon" ou "2000 maniacs",la voiture dans un arbre d'"Arizona dream",et l'affaire se clôt sur un final genre "La vie est belle".Peu importe au fond la part de la vérité et celle du mensonge dans les histoires d'Edward,car Burton fait ici l'apologie de l'art sous toutes ses formes,lequel constitue une composante sociale en apparence futile mais qui est réellement essentielle à nos vies,et rend ainsi hommage au rêve et à la fiction.On pense bien sûr souvent à la célèbre phrase prononcée dans "L'homme qui tua Liberty Valance":"Si la légende est plus belle que la réalité,écrivez la légende".Il est regrettable cependant que l'oeuvre soit portée par une distribution relativement faible,d'où émergent tout de même Jessica Lange,Steve Buscemi et Danny de Vito.