Plus réussi que Suicide Squad – en même temps, faire pire relevait de la gageure –, Birds of Prey brosse un beau portrait de méchante (pas si méchante) qu’interprète une Margot Robbie comme possédée par la folie ambiante de son personnage. Et à ce titre, la première partie du film est certainement la plus réussie : de la rupture amoureuse à l’émancipation, nous passons par différentes étapes ici amplifiées ou traitées sur un mode a priori impropre, à grand renfort d’armes, d’explosions, d’insultes et de malbouffe. Suivre Harley dans son quotidien déluré réjouit et semble révéler une écriture scénaristique soucieuse de s’écarter des canevas conventionnels.


Pas de chance, cette impression est de courte durée : avec l’émancipation viennent les antagonistes et se met en place un mécanisme que nous ne connaissons que trop bien et dont le film a lui-même conscience, en témoignent les commentaires de la narratrice sur la situation que rencontre son personnage dans la diégèse. Ewan McGregor a beau se régaler d’un rôle de grand méchant aussi stéréotypé que délicieux, la relation qui l’unit avec les autres personnages n’est guère originale, amuse un peu. Mais l’humour ne suffit pas à sauver un récit déjà vu et revu, qui n’a pour seul intérêt que de placer au centre des préoccupations une galerie de femmes qu’un pouvoir masculin dévalorise sans cesse.


Le féminisme qui émane de ce Birds of Prey est plutôt réussi, bien qu’il s’essouffle à mi-chemin pour tomber dans tous les clichés du genre. En lieu et place, nous aurions aimé une révision de la structure narrative, un risque pris non pas tant au niveau tonal – une hyène dans la baignoire, une sauce piquante pour couvrir le goût atroce d’un plat asiatique, un sandwich avarié – mais au niveau dramatique qui seul aurait permis au film de s’émanciper des autres productions avec lesquelles il partage, à y bien regarder, bon nombre de propriétés communes. Trop en surface, la charge libertaire n’en reste pas moins divertissante, et c’est ce que nous retiendrons d’un film dispensable mais honnêtement exécuté devant lequel on ne s’ennuie pas.

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le 11 févr. 2020

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