Black Panther est-il le plus progressiste des films Marvel ?

On l’attendait depuis plus de trois ans, lorsque le projet fut annoncé et récemment quand il apparu pour la première fois dans Captain America : Civil War. Les fans de l’univers Marvel et plus largement le public, étaient impatients de découvrir comment le réalisateur Ryan Coogler à qui l’on doit le très bon Creed: L’héritage de Rocky Balboa, allait mettre en scène les aventures du plus féroce de tous les supers-héros : BLACK PANTHER. Le film est-il à la hauteur des attentes ?


Dans une Amérique plongée dans ses plus grands travers, le cinéma indépendant et de grand divertissement se positionnent de plus en plus pour présenter des œuvres remplies de messages plus ou moins subtiles mais toujours imprégnés d’un grand doigt d’honneur à Donald Trump. BLACK PANTHER ne pouvait pas passer à côté. Avec son casting plus diversifié que les dix dernières années de Marvel et son scénario à la fois intemporel et parfaitement en adéquation avec son temps, le dernier né des studios avait plutôt intérêt à sortir les griffes. Chose promise, chose dûe, les studios ont repris leur recette à succès mélangeant musique pop, montage à grande vitesse et humour décalé, mais en y incorporant des questionnements de notre époque. Un mélange gratifiant, encourageant et presque remarquable.


BLACK PANTHER c’est avant tout l’histoire d’un roi, T’Challa (incarné par Chadwick Boseman) dont l’héritage n’est pas qu’un accès au trône du Wakanda mais également une transmission de supers-pouvoirs, visant à protéger la terre sacrée de ce royaume Africain. C’est justement à travers une scène d’ouverture magique, ludique et parfaitement exécutée que le film pose ses bases pour les moins renseigné·e·s d’entre nous. On y découvre toute l’histoire d’une autre époque, pas si lointaine, qui va venir rappeler à la notre qu’elle a existé. Là est tout le propos du film. Au delà de l’histoire héroïque, d’un méchant et un héros, va se mettre en place un message politique fort, pas forcément subtil (mais pas moins subtil que dans d’autres films s’y frottant) : le présent doit apprendre du passé.


C’est en tous cas c’est ce que le mercenaire américain, surnommé Killmonger (interprété par Michael B.Jordan), va venir donner comme leçon. Trop longtemps oublié, il veut se venger d’un passé qui a été destructeur pour lui et pour sa communauté. Un combat qui aurait été, si dénué de toutes violences extrêmes, plus que noble et surtout plus que d’actualité à l’heure où les afro-américain·e·s sont de nouveau victimes du racisme ambiant aux Etats-Unis (et plus largement dans le monde). Mais Marvel veut prouver sa bonne volonté et enchaîne l’humour salé envers les hommes blancs. Une facilité pour certains, certes, mais une prise de risques audacieuse pour les scénaristes puisqu’une majeure partie de la fanbase des studios est masculine et blanche.


Fidèle au ton qui a été donné au long-métrage, on y retrouve une bande-originale entraînante créée, en grande partie, par le rappeur Kendrick Lamar qui malheureusement est légèrement gâchée par un mixage son haché. Mais le véritable point fort du film se trouve au sein du casting. Un casting diversifié, racisé et féminin qui fait non seulement du bien au moral mais également à l’industrie cinématographique. Un casting puissant donc puisqu’on y retrouve tous les grands talents Hollywoodien du moment : la formidable Lupida Nyong’o, l’incroyable Danai Gurira, le presque immortel Forest Whitaker, la belle découverte Letitia Wright, Chadwick Boseman bien sûr mais également Daniel Kaluuya et le crève écran, Michael B.Jordan qui se glisse dans la peau d’un méchant nuancé qui ne sert pas uniquement de faire-valoir au héros. Il semblerait donc que les grands studios aient pris la décision d’écouter la société dans laquelle ils évoluent.


Ce qu’on retiendra surtout de ce BLACK PANTHER, ce ne sont ni ses effets spéciaux mal gérés, ni ses facilités scénaristiques mais le message universel et la porté politique que les producteurs, le réalisateur et toute l’équipe du film ont apportés. Le cinéma est un art qui s’inscrit dans son temps, un miroir de la société dans laquelle il grandit et il est important, pour lui, comme pour les spectateur·rice·s de ne jamais oublier le contexte. Outre le fait que BLACK PANTHER est une très bonne création Marvel, il est également l’exemple parfait d’un Hollywood en plein redressement et en changement qu’on espère constant et permanent.


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le 20 févr. 2018

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