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Approchant de la fin de sa 3e phase, le MCU nous a maintenant habitué à sa formule bien rodée, efficace la plupart du temps mais jamais transcendante. Parfois certains cinéastes arrivent à sortir un peu du cadre très restrictif imposé par la franchise mais on note ses derniers temps une tendance très agaçante qui consiste à sacrifier enjeux et grand spectacle pour un humour bas du front et une mise en scène de plus en plus inexistante. En ça, Thor Ragnarok s'est imposé comme un édifiant ratage en étant la plus mauvaise production de l'écurie Marvel mais aussi un film au allure d'un mauvais sketch du SNL. Alors que peut-on encore attendre d'une production du MCU ? Pas grand chose tellement le renouveau peine à arriver même si ce Black Panther possède pour lui quelques jolies promesses.

Déjà le film de Ryan Coogler s'impose déjà par son importance indéniable, car il s'avère être le premier film avec une telle envergure sur un super-héros noir. Même si par le passé on avait eu la trilogie Blade ou encore Hancock, ces films étaient restés relativement modestes quand à leurs succès et le public qu'ils ont touchés. Mais avec l'éclairage du MCU, Black Panther devient un héros d'importance et marque un tournant historique. Chose étant dit, est-ce que la qualité est aussi au rendez-vous ? Avec Coogler aux commandes, qui a fait parlé de lui avec son sympathique premier film Fruitvale Station mais surtout son audacieuse reprise de la saga Rocky avec l'impeccable Creed, on peut déjà être rassuré de voir le film entre les mains d'un jeune cinéaste prometteur qui plus est lui aussi noir permettant d'apporter un regard plus honnête sur son sujet. Et il faut reconnaître qu'ici Coogler ne déçoit pas et ne trahit pas son cinéma. Il signe un film dans la continuité de ses thématiques, avec un regard qui ne néglige jamais l'émotion dans une oeuvre politisée et universelle.

Black Panther est un film qui non seulement à du cœur et une âme mais aussi possède un vrai propos de fond. Il fait ce que le MCU à un peu oublié de faire ses derniers temps, se servir de la figure du super-héros pour traiter de sujets concrets et actuels sans jamais se contenter que du simple divertissement. Après il faut reconnaître que le message véhiculé par le film n'est pas des plus subtil et que Coogler ne se donne jamais la peine d'arrondir les angles même si le tout est porté par un antagoniste moins manichéen et bien plus pertinent que ce à quoi on avait été habitué jusqu'ici. Il fait la force d'un récit assez convenu notamment dans le parcours du héros qui se voit souvent éclipsé par sa Némésis. Néanmoins, on a le droit à une origin story un peu différente de ce à quoi on a l'habitude dans le MCU mais celle-ci reste sur des rails très balisés et prévisibles. C'est finalement dans ce que le cinéaste apporte en terme de personnalité que Black Panther se distingue entre son jeu de miroir très intéressant des relations filiales du héros et du méchant ou encore de ses touches de film d'espionnage notamment dans l'excellent tiers en milieu de film qui n'est pas sans rappeler Skyfall. Dommage qu'ensuite le film plonge dans un dernier acte plus convenu et très vite expédié.

Ryan Coogler injecte aussi de vraies tentatives de mise en scène dans son film et apporte un peu de fraîcheur à la machine Marvel. Sans pour autant être transcendante, sa mise en scène se montre quand même stylisée et percutante notamment dans des scènes d'actions spectaculaires et bien pensées surtout quand Coogler exploite son amour des plans séquences viscéraux. Ici Black Panther n'envahit jamais avec son humour, présent par petites touches et donc plus efficaces, et prend le temps de poser ses enjeux et de faire monter son action. En ça, Coogler gère astucieusement le rythme et sait faire respirer ses scènes et son film donnant à l'ensemble un côté plus tangible. On notera aussi des partitions musicales inspirées et originales mais on pourra encore une fois déplorer une réalisation assez générique. La photographie est comme tout les Marvel, quelconque et sans identité tandis que le film à trop souvent recours à des effets spéciaux assez ratés particulièrement dans un climax qui en pâtit sérieusement en terme d'intensité. Même le casting souffle le chaud et le froid, il est globalement dominé par un Michael B. Jordan excellent, maîtrisant avec justesse les nuances de son personnage mais aussi d'une Lupita Nyong'o charismatique à souhait qui à eux deux volent souvent la vedette aux autres. Chadwick Boseman est souvent impeccable mais manque de présence et de charisme pour vraiment marqué dans le rôle du Black Panther, Andy Serkis s'amuse comme un petit fou dans son cabotinage over the top et Martin Freeman se contente du strict minimum dans une performance proche de la mort cérébrale. Mais les deux gros malus du casting sont surtout Danai Gurira, qui semble ne savoir faire qu'une seule expression et un Forest Whitaker en roue libre qui joue encore et encore la même partition hallucinée.

Sans être ce que le MCU à pu faire de mieux, Black Panther reste dans le haut du panier de la franchise. Grâce à la maîtrise et le regard de Ryan Coogler, on a le droit à un film qui sait prendre son temps pour poser ses enjeux et mettre en branle son action. Le film possède ce qu'il manque à beaucoup de blockbusters actuels, un sens du dosage. Jamais l'action, l'humour ou le spectacle ne se fait trop envahissant. Même si l'histoire s'avère vite assez classique dans son déroulé, elle est prise au sérieux par son auteur qui en profite pour traiter d'un vrai propos de société. Son Black Panther trouve souvent le chemin de l'émotion et s'impose comme une oeuvre politique certes guère subtil mais importante et rafraîchissante dans le paysage super-héroïque. Avec de vraies tentatives de mise en scène et de belles fulgurances notamment autour de son antagoniste incarné par l'excellent Michael B. Jordan, Black Panther est un blockbuster de qualité quand bien même il traîne encore quelques petits défauts entre son casting pas toujours au point, sa réalisation générique et son histoire efficace mais convenue.