Je pense que le titre de cette critique parle de lui-même: Black Swan est un excellent film, perturbant et très puissant, dont on ne ressort pas comme si de rien n'était.
Un film très bien accueilli par la critique mais que j'ai longtemps hésité à voir, tant on m'en avait fait un portrait sombre et négatif ("Oh mon dieu des scènes de masturbation féminine, quel film malsain!"...No comment.)
Enfin, je me suis lancée et quelle claque! Waou, tout dans ce film m'a plu et envoutée, de la musique qui nous plonge dans le film avec un rythme effréné aux acteurs qui crèvent l'écran.
Car dans ce film, on ne peut tout d'abord que saluer le jeu des acteurs, sublime. Natalie Portman dans un de ses plus grands/beaux rôles, fragile, à fleur de peau et à la limite de la schizophrénie. Une magnifique performance pour ce jeu bipolaire. Ensuite Mila Kunis en double mystérieux et obscur de Nina: sensuelle et troublante dans un rôle complexe qui se mêle à la perfection à celui de Portman; un superbe duo. Vincent Cassel, si je ne suis pas une grande fan, est, on ne peut le nier, bourré d'un charisme fou, presque animal. Autoritaire et représentant pour Nina l'homme inconnu dont elle est si effrayée, son regard d'acier nous transperce et ses façons brutales ajoutent au malaise croissant.
Mention spéciale pour Winona Ryder, toute en fébrilité et nervosité comme il le faut pour son personnage bouleversant dans son humanité, ses angoisses.
Un film qui reprend l'histoire du Lac des cygnes, ballet de Tchaikovski. En plus d'être un de mes ballets préférés, la transposition du thème du ballet sur la vie des danseuses est excellente et apporte un autre souffle à la trame avec un regard contemporain qui nous touche plus. Les correspondances entre le ballet et la vie réelle (transformation des personnages etc) emportent le spectateur dans un tourbillon de sentiments, partagés entre fascination, compréhension, répulsion et angoisse: on vit de l'intérieur la descente aux enfers de Nina. De plus, que ce soit les gros plans qui nous transmettent toute l'angoisse des personnages, la scène onirique et finalement assez flippante de la boîte de nuit (où l'on pressent déjà le désordre intérieur de Nina) ou les grandioses scènes de ballet (apothéose du final), la photographie d'Aronofsky sublime comme toujours son œuvre. On aime où on déteste.
Le réalisateur reprend les intrigues du ballet et livre un superbe film sur la passion, l'obsession, la jalousie et les méandres de l'esprit. Nina ne s'appartient plus (si tant est que nous nous appartenons), fini par être possédée par son rôle et sa volonté de trouver en elle sa sensualité et ce côté sombre l'entraîne à un point de non retour où elle se perd elle-même (superbe fin tragique qui, si elle est déroutante pour le spectateur perdu tel Nina entre les hallucinations et la réalité, ne pouvait être autrement).
Darren Aronofsky nous perd, les sentiments se mêlent, l'angoisse grandit: magnifique et bouleversant.
A voir et revoir.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.