Attention chef d'oeuvre !
Je me méfie toujours des chefs d'œuvre annoncés... Black Swan, tout le monde en parle depuis des mois, tout le monde l'attend et tout le monde s'est enthousiasmé depuis le premier teaser posté sur Youtube.
D'habitude je suis déçue. Black Swan est l'exception.
On ne ressort pas indemne de la projection. On en ressort même groggy, bouleversé, tétanisé. On a besoin de prendre un grand bol d'air, d'errer quelques minutes dans la rue pour pouvoir passer à autre chose.
Black Swan, c'est l'histoire d'une transformation, c'est l'histoire d'une descente aux enfers, d'une découverte de soi, d'un lâché prise.
Black Swan c'est un rythme effréné qui ne laisse aucun répit au spectateur, c'est un trou noir qui vous aspire, c'est une chute vertigineuse qui vous renverse.
Les mauvais coucheurs pourront toujours dire que tout est appuyé, grandiloquent, voyant, grossier voir dégénéré. Ils auront bien évidemment tort !
Il y a la mise en scène d'Aronofsky qui signe ici son film le plus complexe, le plus sexuel, le plus barré (oui bien plus que Requiem for a dream). Mise en scène d'une force incroyable où chaque plan est maîtrisé à la perfection. Les scènes de ballets sont magistrales avec en point d'orgue la transformation du cygne blanc en cygne noir. Je n'ose à peine songer à sa complexité. Lumières, cadrage, plans sur la peau, visages et corps qui hurlent leur douleur. Tout y est.
Aronofsky maîtrise la forme et le fond de bout en bout. Chapeau.
Il y a bien évidemment Nathalie Portman magistrale, merveilleuse, époustouflante... Chaque émotion est jouée au cordeau, chaque fuite en avant, chaque glissement vers la folie ; tout sonne juste. Oui c'est un rôle à Oscar ! Mais tellement plus que ça.
Bourré de références, Black Swan est un film de et pour cinéphiles.
Black Swan c'est aussi un film sur le corps, le désir, la féminité, la douleur et le plaisir. Je dois remonter à des années lumières ou au dernier Kubrick – Eyes wide Shut pour retrouver une sensualité et une excitation aussi fortes au cinéma. Les quelques scènes vraiment sexuelles du film sont magistrales mais je ne dévoilerai rien ici, laissant au futur spectateur le plaisir (ou non) de l'excitation et de la frustration !
Quant à la musique, la partition de Clint Mansell, tout en discrétion et en retenue au début explose (comme la mise en scène et le scénario) littéralement à la fin.
Last but not least, Black Swan nous fait redécouvrir le Lac des cygnes comme si nous étions vierges de toute référence antérieure. Et ça c'était loin d'être gagné !
En bref, l'année à peine commencée, nous tenons déjà LE film qui sera sur les trois marches du podium 2011...
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