Un homme est embarqué par une belle donzelle dans une sorte de boite de nuit underground. La musique techno bat son plein, la foule danse, s’embrasse, s’amuse. La fête bat son plein, les gens sont jeunes et beaux, quand tout d’un coup, les robinets anti incendie du plafond se mettent en route et du sang en sort par hectolitres, arrosant allègrement la foule. Là, c’est la panique, d’autant plus que certains participants sont des vampires et sautent au cou des pauvres humains ayant eu le malheur de se faire embarquer dans ce lieu sinistre. C’est le carnage. Mais arrive un guerrier, armé jusqu’aux dents, qui commence à déglinguer du vampire à la chaine. C’est brutal, c’est violent. Ce guerrier, c’est Blade, et lorsqu’il s’agit de dégommer de la canine longue, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Voilà, le film est commencé depuis 5 minutes, et en 5 minutes, il fait passer la grosse majorité des Marvel version Disney pour des films pour gamins de 8 ans. Car même si ce n’est pas un adage que j’ai l’habitude d’utiliser et que je risque de pas me faire des amis avec, j’avoue que les Marvel, « c’était mieux avant ».


A la fin des années 90, les super héros ne sont clairement pas à la mode. Il faut dire que les quelques films du genre qui y ont vu le jour n’étaient pas de franches réussites. Le Captain America (1990) de Albert Pyun était une calamité, Les Quatre Fantastiques (1994) de Oley Sassone était une purge immonde, et l’année 1997 aura vu trois échecs cuisants en termes de box-office et/ou d’accueil critique : Spawn, Batman et Robin, et Steel. Le genre était presque enterré lorsque surgit en 1998 ce premier volet de Blade, rapportant à ses producteurs un bénéfice brut de 130 millions dans le monde pour 45 millions de budget. Un chiffre bien plus significatif pour Hollywood que les comics sur lesquels il est basé, au point que les spécialistes considèrent qu’il a préparé les bases pour l’âge des Comics Movies qui allait suivre. Ce succès, on le doit à Stephen Norrington, réalisateur à la carrière famélique puisque ses seules autres productions sont Death Machine (1994), The Last Minute (2001) et La Ligue des Gentlemen Extraordinaires (2003), mais surtout à Wesley Snipes (Demolition Man, Money Train). Il va incarner ce personnage à la perfection et, semble-t-il, avec une certaine jouissance, se permettant même de faire office de chorégraphe des combats. Il reprendra d’ailleurs ce rôle dans le très bon Blade 2 (2002) et le moyennasse Blade Trinity (2004), dernier opus de la saga.
Blade a tellement été marquant lors de sa sortie qu’il a même eu une influence sur le comics dont il est tiré. En effet, le personnage créé en 1973 par l’écrivain Marv Wolfman et l’artiste Gene Colan était plus proche d’un John Shaft au niveau de sa gestuelle et dans sa façon de parler car créé en pleine blaxploitation. Suite au succès du film, le personnage du comic a été modifié pour être similaire à son homologue dans les films. Quand l’élève inspire le maitre. Il y aura même une série qui verra le jour, bien inférieure mais tout de même regardable. Et même si le film a vieilli sur certains points, il reste néanmoins toujours un excellent divertissement.


Blade va donc jouer la carte du divertissement à fond. Mais pas un divertissement bas du front qui va se contenter d’aligner une scène d’action, une scène d’humour, une scène d’action, une scène d’humour. Non, Stephen Norrington et le scénariste David S. Goyer vont prendre soin de développer tout ce qu’il y a à développer et le fond du film va être bien soigné (les différentes castes de vampires, les alliés de Blade qui représentent autre chose pour lui, un héros qui combat ce qu’il a peur de devenir, …). Même chose en ce qui concerne la réalisation de Norrington, c’est nerveux, stylisé juste ce qu’il faut. Bien entendu, le film a 22 ans et les CGI ont vieilli. Mais l’ensemble a clairement de la gueule et fait toujours son petit effet et cette scène d’intro décrite dans le premier paragraphe va être à l’image du reste du film : jouissif. Le personnage que campe Wesley Snipes est ultra badass, et ce dernier campe ici un de ses meilleurs rôles, à l’instar de Stephen Dorff (Les Immortels, American Hero), absolument génial en vampire aux projets ultra néfastes. Dommage que cet acteur n’ait jamais réussi à percer car il est clairement à l’aise dans tous les styles mais n’a sans doute pas fait les meilleurs choix de carrière (Alone in the Dark, OMFG !). L’action est très présente et de très bonne facture. Le film n’hésite d’ailleurs pas à nous balancer des scènes d’une grande violence. Dommage seulement que les chorégraphies aient pris un coup de vieux à cause d’un montage parfois hasardeux et du coup des coups qu’on voit souvent passer à deux kilomètres de leur cible. Néanmoins, même s’il n’est pas Donnie Yen (qui chorégraphiera le 2ème opus), Snipes s’en sort très bien. L’ambiance assez noire, parfois gothique, que le film développe est du plus bel effet et s’accorde étonnement bien avec la bande son techno très nerveuse qui accompagne le métrage. Clairement, Blade est prévisible et ne va au final pas révolutionner le petit monde du cinéma d’action hollywoodien à son époque. Mais ce qu’il fait, il le fait bien et il en résulte un très bon film de vampires et de super-héros.


Blade a été une petite révolution lors de sa sortie, posant les bases de tout ce qui suivra en termes de films de super-héros Marvel. Aujourd’hui, il reste encore un très bon divertissement avec un héros ultra charismatique, de bonnes scènes d’action, et un univers plus profond qu’il n’y parait.


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cherycok
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le 9 juin 2020

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