On aura rarement vu un tel assemblage de talents

A l'occasion de la sortie de Blade runner 2049, j'ai vu pour la première fois hier soir le film de Ridley Scott, dans une version Final cut, et en blu-ray.


Pour parler franc, je craignais de découvrir une oeuvre un peu datée, dont l'esthétique années 80 ou les effets spéciaux auraient mal vieillis.


Heureusement, les premiers plans sur la ville tentaculaire sont de toute beauté, et la première véritable scène (l'interview de Leon) est menée d'une façon très efficace, sur un mode qui s'apparente plus au polar qu'à la SF.


C'est d'ailleurs probablement ce qui m'a le plus marqué tout au long du film : son ambiance, ses thématiques, la trajectoire heurtée et indécise de son héros paumé évoquent bien plus les romans de Dashiell Hammett que Star Wars. Pour ce rôle de policier au bout du rouleau reprenant du service, Harrison Ford s'avère être impérial, capable d'esquisser ce fameux sourire pince-sans-rire juste avant de se prendre une mémorable torgnole.


Le film avance sèchement, alternant avec un équilibre assez impressionnant les lentes phases d'imprégnation et les tranquilles accélérations du récit. C'est propre, sans déchet, et d'une maîtrise absolue. Les personnages semblent à la fois sommairement esquissés et d'une grande profondeur.


La qualité du casting, la rigueur du scénario et la virtuosité de la mise en scène sont ici sublimés (une fois n'est pas coutume) par l'ensemble de la direction artistique. Les décors, les maquillages, les accessoires, la musique et la photographie sont ici portés à de très hauts niveaux de qualité. Un tel assemblage de talents est probablement sans égal dans l'histoire du cinéma.


Le blu-ray est accompagné d'un documentaire, Dangerous days, très complet, qui raconte la genèse du film. On y découvre l'influence de Billal et de Moebius sur l'esthétique du film, des anecdotes croustillantes (Dustin Hoffman a longtemps été pressenti pour tenir le rôle principal) et beaucoup d'autres choses.


Pour résumer : un vrai film culte.


http://www.christoblog.net/2017/10/balde-runner.html

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le 6 oct. 2017

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