Non, je n'avais pas vu Blade Runner. Pour une raison qui m'échappe encore, je me suis toujours endormi, au sens propre, au milieu du film. La sortie tant attendue de sa suite étant donc une bonne occasion de combler ce manque dans ma culture cinématographique. Et comme souvent dans le cas d'un film aussi adoubé, il est toujours délicat de donner un point de vue objectif plus de 30 ans après sa sortie sur grand écran. Blade Runner est une icône de la pop-culture et de la science fiction, presque un cliché à lui tout seul. Et forcément, avec un oeil actuel et en faisant abstraction de l'aura qui l'entoure, Blade Runner est un peu moins marquant aujourd'hui tant les thèmes qu'il manipule sont devenus classiques.
Mais malgré cela, le film a de très grandes qualités restées absolument intactes. Le plus frappant reste sans doute son aspect visuel et sa direction artistique, qui n'ont pas pris une ride. L'esthétique est absolument magnifique, et d'autant plus séduisante qu'elle est aujourd'hui délicieusement néo-rétro, entre l'éclat blafard des écrans cathodiques et les crépitements des téléscripteurs.
Mais surtout, contrairement à ses homologues les plus connus, Ghost in the Shell en tête, Blade Runner fait preuve d'une très grande sobriété dans son propos malgré une portée philosophique ambitieuse. Le film est une traque sombre, dans une ambiance poisseuse, c'est tout. La Corpo est à peine présente, et n'est de toute façon pas le sujet du film. Il n'y a pas non plus de complot politique, pas d'intrigue à rebondissement, pas de background ultra développé. Juste une descente aux enfers magnifiquement filmée, finalement plus proche du film noir que du cyberpunk, qui représente à peine un contexte. Et finalement, même si il est un peu lent avec un oeil actuel, il a donc largement mérité son statut culte.