Blame!
6.2
Blame!

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Seshita (2017)

Voir le film

Un OAV et un court passage dans l'animé Knights of Sidonia : voilà pour la place de Blame! dans le domaine de l'animation jusqu'à l'arrivée d’un film disponible depuis mai dernier. En attendant un éventuel second volet oublions nos repères et la notion du temps pour se perdre dans les dédales d'une ville devenue folle...


« Mon nom est Killy et je suis un humain »


Quelque part dans le futur nous suivons une bande de jeunes à la recherche de nourriture. Équipés d’exosquelettes ils progressent à travers des structures monstrueuses : "la Ville". Ils ont tout d’êtres piégés dans un labyrinthe gigantesque qui s’agrandit de manière incontrôlée. Personne n’est aux manettes. Les humains ont perdu le contrôle des machines depuis « la Contagion » : impossible de se connecter à la résosphère pour donner des ordres aux machines. Les êtres humains sont alors pourchassés par des « sauvegardes » dès qu'ils sont repérés.


Si on l’aperçoit après 7 minutes, il faudra attendre quelques minutes de plus pour voir Killy entrer en scène et sauver la mise à Dzuru et aux quelques survivants de l’escapade. Killy et son « émetteur positronique » bien sûr. Killy est à la recherche d’un terminal génétique (élément qui permet de se connecter à la résosphère). Dzuru et ses amis survivants ne savent pas de quoi il parle mais ils l’emmènent dans leur village d'électropêcheurs. Là-bas Killy fera une rencontre (Shibo) qui pourrait lui permettre de mettre la main sur un terminal génétique et aux électropêcheurs de mener une vie meilleure.


Et c'est parti pour un film d'environ 100 minutes, qui insiste plus particulièrement sur trois personnages : Dzuru la narratrice, Killy et Shibo (une scientifique). Dzuru occupe donc une place centrale, qui n'est pas sans évoquer celle de "l'enfant sauvage" dans Mad Max 2. Certes on pourra trouver qu'elle s'attache bien vite à Killy mais elle n'est pas une potiche et c'est tant mieux. Outre le trio principal on trouvera des personnages comme Le Père, Sana-kan... mais qui ont une importance moindre.


Il était une fois, dans une ville sans fin…


L’élément qui est au centre du film est la Ville. Comme un paradoxe, l’immensité de l’ouvrage renvoie à un sentiment d’enfermement. D’ailleurs les électropêcheurs ne quitteront pas la ville mais se rendront dans un autre niveau où les sauvegardes ne les pourchasseront plus. Fuir sans s’échapper.


Le déroulement de l'intrigue permet d'alterner entre des phases d'action joliment mises en scène, avec un bon rythme et quelques ralentis savoureux et des moments plus lents, qui sont l'occasion d'échanges entre les personnages sans que l'impression du "ils parlent pour expliquer ce qui se passe aux spectateurs" dominent.


Fidèles à ce qu’ils savent faire, H. Seshita et l’équipe de POLYGON PICTURES ont réalisé ce film en recourant au cell shading 3D. Un procédé qui a ses partisans et ses détracteurs mais qui n’avait pas démérité du côté de KoS. Pour Blame! Je n’ai pas trouvé de gros défauts si ce n'est certaines scènes où des personnages se mettent en route : il y a parfois de petites coupures entre la posture du personnage en t et celle qu’il a en t+1 juste après avoir changé de direction par exemple.


Et par rapport au manga ?


L’histoire qui se développe dans le film emprunte principalement aux tomes 3 et 4 tout en piochant des éléments dans les tomes qui précèdent et qui suivent (au moins jusqu'au tome 6). Aussi Blame! peut-il être vu comme une introduction au manga, une version qui décrypte l’univers posé par Nihei pour mettre ensemble des morceaux dispersés dans le matériau d'origine. En somme le film donne une clarté qui pouvait faire défaut au manga. Une volonté manifeste dès les premiers instants où la narratrice, Dzuru, nous explique en quelques mots quelle est sa situation.


Bien sûr le film prend quelques petites libertés par rapport au matériau d'origine. Outre les changements liés au réagencement du scénario, certains instaurent de petites différences : on peut penser à ce que porte Killy autour du cou ou encore à la manière dont il booste la puissance de son arme, au devenir des électropécheurs ; au fait qu'ici c'est le feu qui permet de redonner un peu de vigueur et de foi. Ils semblent plus liés au passé (à notre monde et à ses traditions) par rapport aux personnages du manga.


Enfin, graphiquement, le style du film colle davantage avec l'évolution graphique de l'auteur. Pour autant on retrouvera les mêmes marques sur le visage de Killy que celles présentes dans le manga mais l'ensemble demeure moins cryptique, moins dur que le manga sur certains points. Surtout, les planches où l'auteur exposait quelques "monstres" architecturaux se trouvent ici réduites. Certes il y a des plans pour nous montrer les lieux, leur immensité... mais le souffle du manga ne se retrouve pas complètement.


Dans la ville, personne ne vous entendra crier...


Le film d'animation Blame! maintient l'équilibre entre un film suffisamment clair pour intéresser des personnes novices à l'univers de Tsutomu Nihei et, en même temps, contient suffisamment d'éléments pour intéresser les connaisseurs qui pourront s'amuser à noter les références présentes, les emprunts faits. Réalisé sans fausse note, le film se termine avec une fin ouverte qui sera peut-être complétée un jour.


Le générique de fin nous propose différentes images montrant les personnages qui ne sont pas sans faire écho aux films de super-héros. Le ton est pourtant bien différent dans Blame! où le "sauveur" aura une action certes non-négligeable mais où il ne pourra pas faire des miracles. Comme un signe des temps le film contient des échanges sur la situation des personnages et le rapport à la technologie, comme une méditation en guise d'avertissement...


Avis détaillé et validé par Shibo par ici.

Anvil
7
Écrit par

Créée

le 24 juil. 2017

Critique lue 340 fois

Anvil

Écrit par

Critique lue 340 fois

D'autres avis sur Blame!

Blame!
Voracinéphile
6

Claustrophobie colossale

ENFIN !! Une adaptation à la hauteur de l'ampleur et de l'esthétique de son manga d'origine. Blame!, c'est une saga atypique, dans la mesure où l'univers y est d'une froideur grisante, où les détails...

le 21 mai 2017

16 j'aime

2

Blame!
manoma1
4

ni un film, ni une adaptation

J'ai adoré le manga, c'est encore selon moi un chef d'oeuvre de la bande dessinée ! Il faisait transparaître un tel fragilité, une telle solitude de Killy... Dans un monde immense, vide, dénuez de...

le 3 sept. 2017

13 j'aime

Blame!
toma_uberwenig
7

Zone

Impossible de ne pas taper à coté de la plaque quand il s'agit d'adapter Blame!, un manga reposant en très grande partie sur le non-dit et sa narration visuelle. L'échec est d'autant plus assuré si...

le 30 nov. 2018

8 j'aime

Du même critique

March Comes in Like a Lion
Anvil
9

Une première saison magistrale

Les 22 premiers épisodes de March comes in like a lion m'ont bluffé. Le réalisateur Shinbo Akiyuki et le studio Shaft livrent une prestation de haut vol. La dernière fois qu'un animé traitant de...

le 22 mars 2017

24 j'aime

11

L'Habitant de l'infini
Anvil
9

Un manga que l'on aime... à l'infini !

La sortie cette semaine d’une édition pour le vingtième anniversaire de la parution française de l’Habitant de l’Infini de Hiroaki Samura constitue un formidable prétexte pour parler de ce manga...

le 2 nov. 2016

16 j'aime

To Your Eternity, tome 1
Anvil
8

Va, vis et deviens

En novembre dernier, Yoshitoki Oima débutait une nouvelle série au Japon. Quelques cinq mois plus tard, le premier volume arrive en France ! Que nous réserve-t-il ? Changement.s dans la...

le 19 avr. 2017

15 j'aime

4