Richard/Herschell le motard croise une jeune catholique. Elle l’emmène avec elle et ils passent chez sa sœur, où se trouve son groupe d’amis, des hippies bourgeois. Et la voilà à réciter les prescriptions de son pasteur et les commandements de son catéchisme devant des décadents interrogatifs mais fondamentalement sceptiques, puis fondamentalement dépassés par toutes ces louanges, parfois même moqueurs.


Herschell va se rapprocher de cette sœur, la petite sorcière corrompue (affinons les symboles imbéciles de ce film, par charité et pour que ça soit plus digeste), qui va lui trouver un travail. Il sera donc cobaye pour un scientifique et son acolyte légèrement stone. Mal justifiée, l’expérience tourne au drame et transforme Herschell en homme-dindon meurtrier. Incarnation des dérives de la drogue, il est également la main de Dieu et du bon sens venue punir les comportements déviants des hommes.


Ce n’est pas une blague, Blood Freak est un film activiste, une propagande anti-drogues au parti-pris ouvertement religieux. Du T’aime destroy de service public, aussi débile que premier degré. Le point de vue est très clair. Voyons d’abord ce motard : c’est un petit con d’apparence, certes ; mais c’est surtout une brebis égarée et mieux, elle cherche à reprendre le bon chemin !


Qui est l’ordure, ce n’est pas le blouson noir ! Blood Freak est manichéen mais c’est un film avec la foi (estampillée catholique pour les puristes) et son regard sur l’Humanité se veut pénétrant et ose bousculer les positions, entre les bons et les salauds, les êtres de lumière et les forces obscures. Ces derniers sont retournés : voyons ces vils scientifiques. Eux aussi mettent au défi le pauvre petit homme perdu en titillant son orgueil de jeune mâle en besoin d’affirmation ; les transgressistes de tous poils savent comment manipuler les plus fragiles !


Comme dans tous les nanars, il faut traverser de grosses séquences d’ennui. Notamment lorsqu’il est l’heure de céder aux tentations (le sexe en particulier), moments censés constituer de vilaines déviances déguisées en pures extases. C’est le cas aussi pendant l’entre-deux, entre le début de l’expérience et le débarquement du dindon mutant. Entre la 24e et la 42e minute, une heure semble s’être écoulée. Mais ça ne s’améliorera pas. Le dindon s’infiltre : ça glousse à partir de la 20e minute, ça vient du hors-champ, ça devrait nous tomber dessus.


L’entrée en scène du dindon ne vaut rien, à quelque degré que ce soit. Ironiquement, un film a réussi à rendre un tueur pourvu d’un costume très similaire tout à fait impressionnant : Bloody Bird (1987), hybride de slasher et de giallo d’une grande beauté criarde. Blood Freak est juste désespérant : la nullité, sans la grâce qui pue qu’un nanar pétri de conviction est censée cultiver presque malgré lui. Le film aimerait virer au gore sale comme une belle croisade punitive et se donne en pré-Borderland du pauvre.


Il se répand en cris insanes, meurtres confus où les acteurs font du surplace en agitant vaguement leurs membres. Imaginez un mec avec un masque en gomme et papier mâché continuer à s’agiter pendant des minutes entières tout en restant bloqué face à un mur – ou au plancher : voilà, c’est Blood Freak, c’est lamentable et difficile d’en rire.


Il y a certes deux-trois résidus burlesques perdus de çi de là… Mais c’est un ratage et un produit totalement vain, y compris en tant que nanar folklorique. Au départ, Blood Freak sidère par ses dialogues ahurissants, avec la séquence chez les junkies mais aussi son intro où un présentateur s’illustre par ses déblatérations sur le changement constant et le rapport des catholiques à ce changement de nature mystique.


Blood Freak est donc à consommer de préférence avec sa VF de folie. Il alignera encore des dialogues d’une maladresse redoutable (« juste un extra ajouté au bonus »), mais rien n’y fait : 15 minutes de plaisir pour 60 de mort lente. Allez plutôt voir Turkish Star Wars, assez éprouvant mais pas à ce degré, capable de surprendre et de faire sourire. Pour du nanar qui en impose, autant sortir des classiques et allez découvrir De retour pour minuit ; pour du nanar total mais ambitieux, Virus Cannibale, qui n’est pas un si mauvais film, ou Zombie:the Beginning, effectivement une calamité quand à lui.


https://zogarok.wordpress.com/2016/04/24/blood-freak/

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le 13 sept. 2016

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