6, ouais 6 putain, j'aurais jamais cru devoir noter aussi mal un film de Lynch, bordel, juste après avoir visionné "Twin Peaks", qui plus est. Mais David, mais David.
Venons-en d'abord aux points qui ont retenus mon attention, positivement. Epaulé par son fidèle compositeur, il nous transporte magistralement dans les situations, et les fait vibrer par le biais de cette musique qu'elle soit envoûtante ou dérangeante. Le travail sur le son chez Lynch est léché, comme souvent, rien n'est laissé au hasard et ça frôle régulièrement la perfection.
Les perfomances d'Hopper et de MacLachlan sont à enfermer dans une boîte à souvenir cinématographique. Lintensité et la folie misent dans le personnage de Frank par Hopper sont incroyablement fascinantes. Hopper est fascinant, period. C'est un fait, il est, mais d'une cruauté comme j'en ai rarement vu, c'est à en foutre la trouille à un Chuck Norris tout droit sorti de son cours de Taekwando en mode vénère. Et ça, c'est pas gagné.
MacLachlan est parfait en jeune padawan cherchant l'amour, tourmenté par un voyeurisme involontairement volontaire qui surgit, DU PLACARD. Tu le sens ce jeu de mot des familles. Allez, c'est cadeau.
Nan bon, ok, les perf, elles sont là, rien à dire.
On a la blonde, la brune. On a le danger, le pas vers le côté obscur, on a la sécurité la vie de famille qui s'annonce. On a Isabella Rossellini, on a Laura Dern. Même si Laura Dern peut énerver tant la niaiserie peut parfois être poussée à son paroxysme, sans pour autant devoir dénigrer la beauté de ses paroles, la poésie qui s'en dégage... On l'apprécie. Mais celle que j'apprécie de manière beaucoup plus folle, ben c'est l'autre là, Isabella, la bella. Elle a cette facette fascinante, envoûtante, par ses prestations dans le bar, mais aussi par son body language, et par sa façon de parler à MacLahlan qui sont à proprement parler terribles de subjugation.
Quelques autres bonnes choses pourraient être détaillées comme les ambiances instaurées, qu'elles soient menaçantes, liées à l'intrigue typée "Noir/polar", ou apaisantes, voir mystérieuses par des très gros plans sur des parties de corps, Lynch réussit à chaque fois le pari d'emmener son spectateur là où bon lui semble. Dans son terrain de jeu. Esthétiquement parlant, c'est fort. J'aime cette atmosphère dans la pellicule, ce côté semi-brumeux a aidé à apprécier davantage le visionnage.


Et malheureusement, après tant d'éloges, vient le temps des regrets. Chaque petit bout mis ensemble n'a pas fatalement fonctionné pour ma part. L'ouverture m'a lancée parfaitement dans le bain, ce malaise m'a plu, il m'a happé, m'attendant à ce que le film reste dans le ton, dans cette qualité, histoire de m'emmener et me transporter avec lui loin d'une basique intrigue sous-poudrée d'une love-story à deux balles. Ils sont beaux tous les deux, à se draguouiller comme des petits innocents, la candeur, oh oui, non mais c'est pas dérangeant, j'aime beaucoup, il n'y a rien à redire, car si j'en avais gros, j'aurais pu faire les mêmes reproches sur la stupidité du "couple" formé par Lucy et Andy dans "Twin Peaks". Et pourtant, ils amènent ce côté innocent et infantile qui fait du bien à la série, qui la laisse respirer. Donc non. Ici, je ne sais pas, je sens fortement que Lynch maîtrise son sujet, que le calcul des émotions étalé est d'une précision d'orfèvre. Mais ma foi, quelque chose ne fonctionne pas. La mayonnaise n'a pas pris comme dirait l'autre. Les scènes chez Isabella furent tellement passionnantes, tellement envoûtantes et appréciables, et c'est beaucoup trop peu. Enfin, c'aurait pu être très bien, en fait. Le film aurait pu faire tellement plus, mais en même temps, pas vraiment. Juste, rajouter ce petit déclic qui te fait basculer sur un 7 voir un 8. (Optimiste le bonhomme)


Tout cela est assez embrouillant, brouillon, farfelu et mis dans un désordre palpable. Ceci est un ressenti, purement écrit à l'arrache et ne visant absolument pas à rivaliser avec les fines plumes de SensCritique.
C'est juste que je m'en arrache les cheveux, parce-que je me rends bien compte qu'il n'est finalement pas chose aisé de dire du mal de "Blue Velvet" tant les qualités sont au rendez-vous. Des qualités que j'apprécie. Un univers que j'apprécie .
Fichtre de bougre, je n'ai pas ressenti la montée en puissance attendue et proposée, qui aurait du atteindre son paroxysme sur sa conclusion. Il n'y a pas eu magie, il n'y a pas eu coup de coeur, il n'y pas eu grand chose, bien qu'il y ait eu beaucoup. Paraphrasons notre ami Desproges : "Etonnant, non ?"

Théo_Da_Costa
6
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le 28 mars 2015

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Théo_Da_Costa

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