2007 a quelque peu du mal à trouver ses repères en ce mois de janvier. Bien des films sont sortis sans pour autant marquer les esprits. C’était sans compter sur « Bobby » qui même sans être un chef d’œuvre n’en demeure pas moins incontournable.
Certes ce film choral n’a rien d’original, on pourrait lui opposer certaines œuvres comme « Magnolia » ou « Collision ». Emilio Estevez n’est pas non plus Robert Altman, maître absolu dans cette forme de cinéma. Il est vrai aussi que l’incruste quasi permanente des discours de Robert Kennedy en fond de décor ou de bande son peut gaver à un moment, même s’ils sont d’une magnifique et poignante actualité…
On peut lui reprocher ces défauts, mais en se laissant aller à l‘émotion, en se replaçant dans le contexte difficile de l’époque, un peu occulté aujourd’hui il est vrai, et en se laissant séduire, alors « Bobby » apparaît comme un film touchant de sincérité et de simplicité.
Chaque personnage interprété par une pléiade de magnifiques et grands acteurs, illustre les maux de la société américaine d’alors en pleine fracture identitaire : le racisme ordinaire, la libération des mœurs, la drogue, la guerre… venant bouffer le quotidien, et auxquels l’image et la personnalité de Robert Kennedy venaient apporter l’espoir d’un mieux être. Espoir perdu ce fameux soir du 5 juin 1968.
On peut tout dire de ce film, si l’on est du côté du public blasé, il n’empêche qu’il provoque des bouffées d’émotions intenses parfois appuyées mais toujours authentiques à l’image d’un générique de fin montrant des photos de Bob Kennedy en vie. Il provoque un recueillement à sa mémoire et un hommage à ces millions d’Américains qui pensaient que les choses aller évoluer. Presque trente ans après, ils pleurent toujours pour les mêmes causes.