J'attendais avec une certaine curiosité ce nouveau film de Yann Gozlan avec Pierre Niney, dont leur première collaboration sur "Un Homme Idéal" avait été un énorme coup de cœur à l'époque.
Avec son envie de nous raconter un "simple accident d'avion" qui pourrait se révéler être bien plus que ça, Gozlan joue constamment sur le fil entre le réel et le complot, brouillant les pistes pour toujours nous faire douter quand nous nous pensons, comme le personnage de Mathieu, sur une bonne piste vers la vérité. Et c'est cette opposition entre l'envie de trouver du concret pour dévoiler la réalité, et cette peur de tomber le complotisme tant tout paraît n'être que manipulations est la grande force du film.
Tout cela est appuyé par la fragilité de Mathieu, joué avec justesse par un Pierre Niney complètement dans le rôle. Le reste du casting ne se retrouve pas écrasé par notre protagoniste alambiqué, et chacun trouve son moment de grâce.
C'est cependant bien au niveau de la réalisation que "Boite Noire" éclate tout et pose sur la table une ambition qui fait plaisir à voir. Dès son premier plan-séquence, le film à de la gueule à tous les niveaux : la direction de la photographie et notamment le travail du bleu sombre et des noirs bouchés, opposés à des sources de lumière floues où brumeuses. Le travail du son, essentiel au film, qui traduit chaque problème que peut rencontrer Matthieu. Le travail des décors, chacun étant extrêmement travaillé et choisi avec soin. Le travail du cadre, qui nous propose des mouvements de caméra sublimes à bien des moments, comme on n'en voit finalement trop peu souvent, et pas seulement dans le cinéma français.
"Boite Noire" à de la gueule. Engageant et réfléchi, étudié et travaillé, esthétiquement magnifique et scenaristiquement complexe, le film fait tellement d'efforts pour nous engager dans son histoire, dans sa recherche de la vérité, que cela doit être salué avec force. Une nouvelle belle réussite pour Gozlan.