Souviens-toi l'été dernier.

Adaptation très fidèle du roman de Françoise Sagan, Bonjour tristesse est un film sur la fin des illusions, sur la vanité de croire que tout tombe du ciel, pour un dur retour à la réalité.
C'est l'histoire d'une jeune fille, Cécile, et de son père, très riche veuf, dont celui-ci fricote avec une jeune fiancée (Elsa, jouée par Mylène Demongeot). Mais il va rencontrer une autre femme, plus dans son âge, plus stricte envers Cécile, qu'elle va rejeter, et dont elle va inventer un stratagème pour que Elsa revienne auprès de son père. Mais tout ceci ne peut que mal se terminer...

Je me souviens encore de la lecture du roman, petit modèle sur les illusions perdues, et je suis très surpris de voir à quel point ce que je m'imaginais dans un film s'est avéré être juste; à savoir la description presque idéalisée du sud de la France (garrigues, pins, soirées dansantes...), dans le physique des personnages et dans cette description âpre de cette bourgeoisie pour qui tout a l'air facile, à l'image du père qui demande à jeter une lettre reçue de son travail car ce sont les vacances après tout.

Le film alterne présent et flash-back avec une idée de génie qui est de montrer les scènes du présent en noir et blanc, signe que quelque chose s'est brisée, et les instants du passé figurent en couleurs, je dirais même dans un superbe Technicolor, signe de l'innocence de Cécile, que tout allait bien, vision idyllique des vacances.
Excepté Un secret, le film de Claude Miller, ce procédé a été très peu exploité au cinéma, et c'est bien dommage.

Quant au casting, il est idéal avec David Niven, Jean Seberg (dont on croit vraiment qu'elle a 17 ans), Deborah Kerr et la toujours sublime Mylène Demongeot, qui apporte le vrai souffle de fraicheur à l'histoire. On y trouve aussi Juliette Greco qui interprète la chanson Bonjour tristesse.
Bien que l'adaptation soit très fidèle au roman du charmant petit monstre (dont les scènes dites scandaleuses), Preminger a su apporter sa patte, et une excellente mise en scène. A noter une dernière scène magnifique qui donnera le ton chez Cécile pour le reste de sa vie...