Le pis de la vache du voisin est toujours plus grand
Une entreprise périlleuse: pendant une heure, penser vache, entendre vache, voir vache, ressentir vache. N'ayant rien à voir avec les documentaires animaliers diffusés sur Arte à l'heure de la sieste, Bovines n'est ni dénonciatrice, ni bucolique. C'est une invitation au voyage, un voyage qui se passe à huit clos, dans une prairie grâce et vallonnée, entre des fils barbelés.
Quasiment épuré de toute trace humaine, Bovines se passe également de bande-son et de voix-off. A la place nous est offert un concert de ruminement et de meuglement, accompagnés ici et là du chant d'un oiseau ou de l'orage qui gronde
Cette prise de son marginale, même pour un « documentaire », nous permet une immersion d'autant plus profonde dans cette nature filmée selon un jeu des échelles de valeurs et de tailles. Beaucoup de plans sont mémorables, grâce à des cadrages adéquats (suffisant parfois à eux-mêmes pour retranscrire des situations comiques) et une mise en lumière maitrisée. Et, ces vaches, bien que on ne peut plus banales, en sont auréolées de blancheur.