Les beaux-père sont tous des alcooliques.

Richard Linklater est un réalisateur original, sa trilogie "Before Sunrise", "Before Sunset" puis " Before Midnight" tournait tout les 9 ans, sortait déjà des sentiers battus, tout comme "A scanner Darkly" animé à partir de prises de vies réelles à l'aide de la technique rotoscopie (merci wiki), mais il est aussi capable de sortir un film grand public avec un Jack Black sobre, un exploit. Avec "Boyhood", il livre une oeuvre à part, original et ambitieuse, qui s'étale sur 12 ans, avec les mêmes acteurs depuis le début. Un défi technique réussi, moins au niveau du scénario.

Durant 12 ans, on suit Mason Jr (Ellar Coltrane). De ses 6 ans à ses 18 ans. De l'enfance à l'adolescence. On le voit grandir, tout comme sa sœur Samantha (Loreleï Linklater). Ils vivent avec leur mère divorcée, Olivia (Patricia Arquette) à Austin dans le Texas. Avant de voir réapparaître dans leurs vies, Mason Sr (Ethan Hawke), un père absent depuis 1 an et demi, vivant en Alaska pendant cette période. A travers de nombreux déménagements, de beaux-pères alcooliques et d'un père plus "bon pote", que père responsable, Mason Jr va découvrir les différentes facettes de la vie.

Le film est passionnant jusqu'au 15 ans d'Ellar Coltrane. Après, cela devient moins intéressant. On arrive trop rapidement à cet âge-là, les 3 dernières années sont moins captivantes et deviennent longues et ennuyeuses.
Bien évidemment, le fait de réaliser le film sur 12 ans avec le même casting et les voir vieillir en 2h45, c'est original au cinéma, moins à la télévision. Ceci n'est pas un reproche, ni même une critique, juste qu'il faut relativiser et éviter de s'enflammer à nouveau pour un film, qui a beau être plutôt réussi, il n'en reste pas moins que le scénario et même le montage, sont moyens.
Techniquement, "Transformers 4" est plutôt réussi, mais sans scénario, il tourne à vide. Ici, c'est un peu la même chose. Je prends un cas extrême, le néant face à une aventure humaine, mais avec un défaut commun, un scénario qui ne tient pas ses promesses, du moins à partir de la moitié du film.
Richard Linklater évite les gros événements, pour rendre son histoire simple, comme la vie. Mais il abuse de cette simplicité. Il en fait même un élément essentiel de la vie d'Ellar Coltrane de ses 15 à 18 ans. Certes, cette période de la vie parait souvent longue pour un adolescent, mais il se passe de nombreuses choses, normalement.

Ce que j'apprécie, c'est de pouvoir m'identifier au personnage principal, du moins au début. La vie d'un enfant de parents divorcés, des nombreux déménagements, dans des villes différentes. Le fait de se sentir différent, de ne pas aimer les mêmes choses que les autres, avec un côté artiste maudit, m'interpelle. Bien sur, tout les adolescents se sentent incompris et se croient différents. Mais ce type d'enfant, a un vécu très différente, il est difficile de trouver une stabilité dans les nombreux séismes, que l'on doit affronter à un âge, ou l'on devrait juste être insouciant.
Si Richard Linklater a su mettre en image cette période difficile, avec une famille recomposée et un beau-père qui se révèle imbuvable. Il a du mal à rendre la suite tout aussi intéressante. Que l'histoire se répète, n'est pas un problème. Patricia Arquette est vouée à l'échec sentimentale dès le début, compensant cela, en réussissant l'éducation de ses enfants et dans ses études. Le choix de ne suivre qu'Ellar Coltrane, à ses défauts. il délaisse sa soeur, Loreleï Linklater (ta propre fille Richard!)), qui est pourtant tout aussi passionnante avec son sale caractère et son humour, qui fait des merveilles au début de l'histoire (son "Oops, I dit again" est assez jouissif). Vu la longueur du film, il y avait la place de ne pas s'intéresser uniquement qu'au fils. Surtout que c'est un solitaire qui n'a pas d'amis. Il vit une histoire d'amour, qui sera vite traité. L'absence de vrais rapports avec d'autres personnes, finit par lasser. Surtout quand la fin, ouvrait des perspectives plus intéressantes, que ces 3 années qui tournent un peu à vide.

L'exigence du début, se délite au fil du récit. Le montage semble avoir été plus compliqué, lors de l'adolescence. L'histoire d'amour est vite traitée? alors que chez un adolescent, c'est un truc énorme. Ce qui est en contradiction avec le choix de faire de ces 3 ans, une période lente et ennuyeuse. Tout comme la simplicité du message politique : Bush, c'est le mal et Obama, c'est le bien. Ou cette belle-famille, qui offre une bible et un fusil à Ellar Coltrane. Bien loin des convictions d'un père immature, qui a beau être sympathique, n'en reste pas moins, déficient dans l'éducation de ses enfants et surement de son bébé trop mignon.
Les acteurs (trices) sont impeccables, tout comme la réalisation. Même si Ellar Coltrane est à l'image du film, moins intéressant adolescent, qu'enfant. Sa bonne bouille, laissant place à une légère tête à claques. Il reste des images, comme sa visite surprise chez le coiffeur, ou le repas de famille qui dégénère. Mais les souvenirs confirment, que le film marque plus dans sa première partie, que lors de sa seconde, ou les scènes se font plus longues et parfois inutiles (comme celle du concert).

Un film qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions, tout en restant une aventure intéressante et même passionnante par moments. Pour sa première partie réussie, il mérite d'être vu. Tout comme pour son casting et sa réalisation, même si cela devient trop simpliste, voir long sur la fin.
easy2fly
7
Écrit par

Créée

le 2 août 2014

Critique lue 394 fois

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 394 fois

D'autres avis sur Boyhood

Boyhood
Sergent_Pepper
7

Un rêve : l’histoire du temps.

Boyhood fait partie de ces films à concept qui prennent un risque majeur : se faire écraser par lui en s’effaçant derrière cette seule originalité. Suivre pendant 12 ans les mêmes comédiens pour les...

le 18 janv. 2015

98 j'aime

9

Boyhood
Rawi
7

12 years a child

En préambule, je voudrais pousser un coup de gueule ! Depuis le temps que j'attends ce film, je n'étais plus à une quinzaine près mais ayant l'opportunité de le voir en avant première, je me rends...

Par

le 23 juil. 2014

88 j'aime

39

Boyhood
guyness
7

Une vie de mots, passants

Quand on lance un film expérimental de 2h46 avec une pointe d’appréhension, l’entendre s’ouvrir sur du Coldplay fait soudain redouter le pire. Faut dire que j’arrivais sur un territoire d’autant plus...

le 18 janv. 2015

82 j'aime

17

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

63 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8