Boyhood est un film bouleversant de simplicité et de beauté. Un projet fou qui, à terme, est tout simplement magnifique.
"Il ne se passe rien", disent certains. Est-ce également ce qu'ils se disent en contemplant leur passé ?
Boyhood montre la vie, tout simplement. Ce n'est pas une expérience cinématographique qui satisfera tout le monde, j'en conviens. En ce qui me concerne, elle a été magistrale - comme l'annonce l'affiche de manière si banale. Ce film ne semble pas tricher, n'a pas d'autre trame que celle de montrer le parcours d'une famille pendant presque 15 ans, et n'en a pas besoin. Le ton est juste, extrêmement subtil et bien dosé. Pas de dramatisation à outrance pour rajouter du piquant ou de l'action. Tout est simple, réaliste, "vrai" et cela suffit pour que les émotions soient bien là. Qu'elles proviennent directement de la narration ou de ce à quoi elle nous renvoie, elles pénètrent droit dans notre cœur et libèrent des choses à la fois très propre à chacun et universelles. N'est-ce pas là tout simplement ce qu'on demande au cinéma ?
Sortie du film, je suis prise d'une euphorie pour la vie elle-même, ce qui me pousse à vouloir partager par cette critique les merveilleuses 2h45 que je viens de vivre.
Mais Boyhood n'est pas seulement un film "émotion", c'est également un film fascinant de par sa particularité première : avoir été tourné sur une période de douze ans. Période qui fait intégralement partie de ma vie (adolescente à adulte), ce qui ajoute sans doute beaucoup à l'attachement que j'ai ressenti pour cette famille. Les références me parlent : Harry Potter, Star Wars, Britney, Lady Gaga, toute la BO du film. Bien que beaucoup de choses m'échappent, du fait de n'être pas américaine, tout fait partie de "mon" époque et donne une "âme" au film. Patricia Arquette et Ethan Hawke compris.
A 15 ans, je découvrais Lost Highway, David Lynch et Patricia Arquette - qui représente aujourd'hui une véritable figure dans mon amour pour le cinéma. Dans la même période, je tombais amoureuse d'Ethan Hawke dans Gattaca et décidais de suivre sa carrière avec grande attention. Quel bonheur de les voir traverser les années, me rappelant indirectement plusieurs périodes de ma propre vie. Quelle rareté également, de voir dans un même film les enfants grandir pour devenir adolescents, tout ça sans changement d'acteurs. Toutes ces couches de lecture apportent une force épatante à ce film, qui en possède de nombreuses autres encore. Si la technique n'est pas toujours maîtrisée à la perfection, ce n'est pas ce qui rend le film attachant, c'est bel et bien l'histoire qu'il nous montre, si tant est qu'on s'y intéresse.
En résumé, Boyhood est un film qui peut parler à tout le monde. La question étant : que vous dira t-il ?
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