Premier long-métrage de Don Bluth, transfuge de chez Disney et frustré de ne pas retrouver la magie d'antan, Brisby est un film d'une étonnante noirceur, voire violence psychologique et visuelle qui aura sans doute du mal à convenir aux enfants.
Le film commence tout de même à parler de la mort, celle d'une souris, Jonathan, dont sa veuve, appelée Madame Brisby, va chercher un remède pour sauver son enfant atteint d'une pneumonie. Et c'est comme cela durant toute l'histoire, avec du sang, des cauchemars visuels, des animaux à la limite du fantastique (le hibou aveugle), des humains menaçants mais qu'on perçoit surtout à hauteur de souris avec leurs machines du diable...
Tout cela jusqu'à une scène incroyable, à la limite du religieux, qui donne une raison pour laquelle les animaux parlent, et dont Jonathan est vu comme un prophète emmenant ses frères animaux vers une terre promise.
J'avoue que j'ai été complètement cueilli par le film, qui une d'une grande noirceur, et dont les seules touches d'humour sont la présence d'un corbeau, Jeremy, qui aidera ponctuellement Brisby dans sa quête de remède.
D'une certaine façon, je comprends l'échec commercial du film, trop violent sans doute pour le public enfantin, et qui correspond aussi au virage un peu plus sombre de Disney avec Taram et le chaudron magique. Le monde de Brisby, un champ, est présenté comme cauchemardesque, en totale opposition avec cette souris adorable, d'un grand courage, et qui se voit aussi dans l'utilisation des couleurs, qui tirent constamment vers le foncé.
Je ne sais pas comment j'aurais pu apprécier le film plus jeune, mais avec le recul du temps, j'ai trouvé ça formidable, et avec une superbe musique de Jerry Goldsmith, qui donne aussi dans le Sacré. J'avoue que j'en aurais bien repris un peu plus que 1h22.
C'est sans nul doute la grande réussite de Don Bluth, car ayant cette fois-ci carte blanche pour faire le film dont il rêvait.