Ça fut mon premier Stephen King, d’où une affection particulière, sa lecture s’arrogeant une empreinte viscérale, unique et originale. À l’instar d’une adaptation sous la forme d’un téléfilm diffusé il y a plus de trente ans, la récente mouture proposée par Andrés Muschietti suscitait par voie de fait un bel intérêt : nonobstant le retrait malheureux de Cary Joji Fukunaga, ce qui laissait craindre une production davantage grand public, le CV du cinéaste argentin plaidait en sa faveur (Mamá) malgré sa relative inexpérience.
Néanmoins, les motivations de ce remplacement à la réalisation transpirent bel et bien à l’écran : point de peur à l’horizon, un comble au regard de ce que représente le polymorphe Grippe-Sou. Enfin, il serait plus exact de dire que le long-métrage débutait plutôt bien, la petite virée de Georgie et le fameux entretien s’ensuivant laissant augurer de « belles » choses : le cap était le bon, mais le plus difficile était encore à venir.
À bien des égards, ce Ça rappelle fortement Stranger Things, tous deux partageant les mêmes travers : le prisme des années 80 imprime une atmosphère jonglant entre nostalgie et teneur « cool », prenant un peu le pas sur le surnaturel (quoique bien à l’œuvre) et la terreur légitimement espérée. Sous l’égide de la chouette, mais trop lumineuse, photographique de Chung Chung-hoon, l’imagerie que déploie le récit se veut davantage propre que remuante, exception faite de rares crescendos horrifiques participant à « redorer » son blason.
Si la présence de Finn Wolfhard cristallise plus factuellement la passerelle entre les deux œuvres, cela ne doit toutefois pas occulter les apports d’une excellente distribution : la bande de gamins, hétérogène du fait de leurs singularités respectives, se veut aussi attachante que respectueuse du matériel d’origine, contrepoids tout désigné d’un Bill Skarsgård surnageant de son mieux côté épouvante pure et dure. Bien entendu, nous pourrions regretter la relative timidité de Ça en comparaison des thématiques chères à King, mais il s’avère que, contre vents et marées, il y fait écho avec doigté dans la limite des moyens alloués.
In fine, convenons que ce premier chapitre manque certainement de mordant, piégé par les aspirations mercantiles d’une production ayant fait l’impasse sur certaine de ses meilleures cartes. Mais, fort d’un enrobage formellement solide, d’une fidélité dans le texte non malvenue et d’interprétations aux petits oignons, Ça constitue envers et contre tout un divertissement sympathique… pourvu de séquences conviant bien au frisson, aussi peu nombreuses seraient-elles.