Au vu de l'énorme coup de comm' autour de la sortie de "It", je me suis dit que ça aurait pu être une bonne idée d'entrainer mes amis et quelques personnes de ma promo voir ce film. 
Bon, je vous préviens direct qu’après l’avoir vu, j’ai dû aller me poser au bar prendre une pinte, un cuba libre et un shooter pour digérer tout ça pour enlever cette amère sensation brulant le fond de mon palais. Vous savez cette amertume qu’on ressent quand on a un peu été pris pour un bon gros jambon? Et putain je sors de l’UGC pas de la Foire au Jambon !





En effet, le film commence avec brio, la scène avec Georgie est terriblement prenante, remaniée par rapport à la version de 1990, il est laissé du temps à l'amour fraternel de se dévoiler au spectateur. Cette scène, indéniablement mythique, a été l'objet d'une grande attention pour ceux qui attendaient le film, et elle ne déçoit pas. 
Puis apparait Pennywise interprété par le brillant Bill Skarsgard, qui, à mon sens, ajoute beaucoup à l’ambiance horrifique souhaité par le réalisateur (avec son formidable sourire). En effet, l’interprétation du Clown Dansant ajoute beaucoup plus au genre « horrifique » voulu par Andrés Muschietti que l’excentrique et macabre Tim Curry. Plus malsain, on ressent la volonté du réalisateur argentin d’instaurer une ambiance plus dérangeante. La preuve en est concernant la disparition de Georgie, dans le film de 1990 et dans le livre, ce-dernier est décédé, le corps est ramené par un de ces camarades qui a été supprimé de la dernière version. Il a ici tout simplement disparu, faisant peser sur sa famille et surtout son frère le poids d’une violente incertitude. On s’y retrouve avec le genre de pression qu’aime imposer Monsieur King sur ses personnages. 
La césure se fait aussi par une dimension beaucoup plus gore, la version de 90 laissant au scénario une plus grande part de mystère, cultivant l’imagination du cinéphile attentif que vous êtes. Nous aurons l’occasion de revenir sur cet aspect-là un peu plus loin. 
A noter absolument, que l’histoire est totalement prenante, c’est indéniable. Ca ne surprend pas quand on sait qu’elle est le produit d’un bon SK.
Il convient aussi de relever que la performance des acteurs, tant celle de Bill Skarsgard que celle des enfants (certains sortant carrément du lot comme Jack Grazer (Eddie)). Il y a une complicité, une sincérité dans le jeu des enfants qui vient nous émouvoir dans le but d’exacerber la terrifiante malédiction qui frappe Derry tous les 27 ans, bien retranscrite par rapport au livre ( excepté la scène du nettoyage dans la salle de bain où on sacrifie une vive discussion par une petite interlude musicale).


Fort de l’exemple précédent, on va pouvoir se concentrer sur l’un des problèmes de cette adaptation du roman de Stephen King: l’échec d’Andrés Muschietti à créer un véritable film d’horreur. 
Pour moi, le film subit un véritable problème de rythme dans la narration. Là où le livre et la version précédente avaient choisi de raconter l’histoire au travers des flashbacks des différents protagonistes, l’histoire suit ici une rythme tout à fait linéaire, c’est le présent qui nous est livré. Ceux qui auront envie de me contredire diront que ce choix peut être justifié du point de vue de l’immersion, pour suivre les peurs, épurées et sans filtre des enfants. Encore une fois, je vous dirai « PROBLEME DE RYTHME ». En effet, le film ne laisse place à aucun temps mort, aucune longueur. A priori, c’est compliqué de créer un film correctement horrifique quand celui ne laisse pas le temps à la peur de s’instiller en nous spectateur en recherche de frissons. Le téléfilm de 1990 jouait beaucoup plus sur les longueurs et laisser le temps à Pennywise de faire son effet. (…….) Et le problème de tant de survoltage rend le film lassant, le rendant totalement prévisible. On se rend bien vite compte qu’aucun membre de la bande des Losers ne sera amené à disparaitre, de ce fait difficile d’éprouver la moindre frayeur à leurs égards. De même, Pennywise ne prend clairement pas son temps: il pourrait prendre plus le temps de créer la peur dont il se nourrit (il a du rentrer chez lui affamé après la séance). Par exemple, dans la scène où il sort du frigo, celui-ci aurait pu prendre plus le temps de se déplier, de créer la peur chez la Bande et surtout chez nous. Tout le temps à 100%, on n’aura jamais de jumpscare réellement efficace (quoiqu’il y en ait un qui passe). Le son vient renforcer l’idée de prévisibilité: quand la salle prend 120 décibels d’un coup, on se doute qu’il va se passer quelque chose. La réalisation ne s’adapte pas au genre « Epouvante- horreur » recherché par « Ca ».


Ainsi, le personnage de Pennywise en perd grandement de sa substance. L’entité maléfique est l’incarnation même des peurs les plus sombres. Ceci est très justement décrit dans le roman, qui a le format idéal pour retranscrire l’ineffable. Car c’est tout là, le coeur de cette histoire. Les peurs qu’on ne peut nommer qu’on préfère enfouir en nous. Ce n’est pas un hasard que le film se nomme « Ca » En psychanalyse, le ça est la partie pulsionnelle de la psyché humaine, intense et inconsciente. Elle représente le meilleur mais aussi le pire chez l’homme, le ça cherche sans arrêt à assouvir ses pulsions et se heurte sans cesse au surmoi qui représente la structure morale de notre esprit. Le ça est aussi la partie de notre psyché totalement plongé dans l’inconscient, là où sont cachées nos plus grandes peurs. J’ai trouvé par exemple, ça dommage de transformer une toile de Modigliani (allez voir, c’est assez rigolo) en un vulgaire vampire/zombie mais avec beaucoup de dents. Alors que celle-ci avait presque réussi à instaurer un vrai malaise !
Alors pourquoi diable s’attacher à faire un personnage (si emblématique) si prévisible?! 

Il y a aussi des scènes qui sont livrés au spectateur sans justification. On ne sait par exemple pas pour quelles raisons, les brutes de la ville en veulent tout particulièrement à Ben, ce qui est correctement expliqué dans le livre. Ce genre de scène sans explication fait clairement ressortir le manque de maitrise rythmique de « Ca ».


Ceux qui auront vu le téléfilm ou/et lu le roman sauront aisément s’y retrouver tout de même. 

J’ai trouvé Ca quand même plutôt décevant de voir un film sur la peur faire si peu peur. On part donc sur un échec totale de la réalisation quant à créer un film d’horreur. N’allez pas le voir si vous voulez réellement avoir peur. 



VincentLst
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le 24 sept. 2017

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Vincent Lst

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