Si l'adaptation de La Tour Sombre pouvait refroidir sur cet engouement soudainement prolifique envers les œuvres du King, les retours quasi-unanimes et exploits commerciaux de cette nouvelle mouture de Ça avaient de quoi allécher. Néanmoins, il est nécessaire de préciser qu'il ne faut pas considérer ce long-métrage comme un film d'horreur. En effet, les jumpscares sont prévisibles et habituels, et le Clown ne fait pas vraiment peur. Pourtant, l'interprétation de Skarsgård est brillante, mêlant comédie noire et accents trash sanglants, à la façon d'un Freddy Krueger. Face à lui, les jeunes interprètes sont également excellents, créant ce réel sentiment de camaraderie propices aux jeunes, à l'instar d'un Stranger Things. Quand bien même leurs déambulations à vélo en plein été rendra certainement plus nostalgiques les trentenaires américains, l'ambiance qui se créer est des plus réussies, en ravivant cette fibre générationnelle, à la façon d'un Donnie Darko ou du plus récent It Follows. Surtout que la mise en scène de Muschietti est particulièrement soignée pour faire vivre cette ancienne époque et la ponctuer d'éclats hallucinés comme il le faisait déjà dans Mama.
Si l’œuvre n'est pas terrifiante, à l'instar du sentiment de menace qui parcourait chaque page du livre, elle est tout de même dérangeante sur certains aspects de noirceur et quelques éruptions horrifiques. Ainsi, il existe sans cesse cette dualité entre l'innocence d'une jeunesse qui ne cherche qu'à s'amuser, et la monstruosité de ce Clown qui les confronte à leurs pires peurs. Le mélange est savoureux, même s'il ne révolutionne guère les ficelles du genre. On pourra, par exemple, reprocher les réactions plutôt sensées et calmes des gamins face à ces rencontres cauchemardesques. En tout cas, le design sonore et la bande-son accompagnent parfaitement l'image, navigant entre les nappes insouciantes et les schémas oppressants, bizarres et sinistres qui, malheureusement, laissent présager l'horreur imminente. Les scénaristes ont fait le choix de ne pas suivre le découpage par flashbacks du livre, préférant ce premier film centré sur la jeunesse, puis le second sur leur vie d'adulte, ce qui permet de garder une cohérence d'atmosphère. On aurait pu sans soucis imaginer une copie moins "sage", bien plus torturée et angoissante à l'image de la terreur fantasque qui habite le Clown et est sensée englober la ville.