-Critique écrite en 2006-
En ce début d’année où nous sommes submergés de films politico cérébraux visant à dénoncer, à créer la polémique, nous arrive tout droit de la France profonde une perle cinématographique, sans prétention, mais ô combien rassérénante.
A l’image d’une des scènes qui y est marquante, "Cache Cache" apparaît comme un clair de lune dans un ciel d’encre. N’y cherchez aucun message spécifique, et laissez vous porter par le charme paisible de cette drôle d’histoire.
Dans cette chronique tout participe à une certaine naïveté. Pour Raymond (incroyable Bernard Blancan), le temps semble s’être arrêté, prostré dans l’ombre et le silence. Il supporte mal que ces gens de la ville BoBo à souhait, qui viennent s’immiscer à la campagne, pire encore chez lui.
Cette dualité nous offre des scènes insolites, tantôt cocasses, le plus souvent teintées de poésie. La mise en scène joue d’ailleurs sur cela. La confrontation entre ces deux univers s’illustre par le son ; portable, musique, réveil, imitations du coq, cris d’enfants, aboiements…, sont autant d’agressions qui viennent troubler l’isolement quasi claustral de Raymond. Il en va de même avec la lumière.
Là où les citadins s’entourent de couleur parfois criardes, l’environnement de Raymond est sépia, et il ne semble vouloir évoluer que dans l’obscurité. C’est cette cohabitation qui donne le ton au film ainsi que son contenu jusqu’à une fin qui reste en suspens.
On peut lui reprocher parfois son côté court métrage un peu rallongé. Mais il n’empêche que Cache Cache dégage une vraie candeur et une délicatesse qui nous séduisent et nous émeuvent bien au-delà du générique de fin, aux accents d’accordéon désuets.