Depuis presque vingt ans, Emmanuel Mouret poursuit, plutôt bon an que mal an, son petit bonhomme de chemin cinématographique dont le dénominateur commun est Marivaux. Et de cette mécanique complexe des jeux de l’amour et du hasard, Mouret ne déroge pas. Cela marque l’empreinte d’un auteur, mais peut s’avérer fatigant car la forme comme le fond évoluent peu d’un film à l’autre (exception faite de « Une autre vie »). Les mêmes ingrédients donc et un même acteur (Mouret égal à lui-même, très comédien amateur), seules les actrices viennent apporter un peu de fraicheur à ces scènes de genre surannées. Ou pas. Dans « Caprice », on ne va pas s’extasier devant la prestation de Virginie Efira, toutefois elle apporte une tonalité sincère à son rôle. La plus grosse déconvenue du film vient de celle qui incarne le rôle titre de Caprice, Anaïs Demoustier. On pressentait déjà dans « Une nouvelle amie » tout le capital d’antipathie qu’elle dégageait, qui s’est confirmé avec « A trois on y va » et qui explose au grand jour ici. Dans le genre péronnelle disgracieuse et vulgaire elle s’impose avec un jeu linéaire, sans jamais avoir l’air de trop y croire, mais certaine de pouvoir se placer. Dans la carte du tendre des héroïnes de Marivaux, elle serait parfaite dans le rôle de la commère. Détenant un rôle clé, le film est quelque peu assombri par sa prestation, de même par quelques scènes vraiment ratées (le supplice du plâtre, la relation Alicia/Thomas…). Toutefois, le charme opère, parfois, surtout quand Mouret filme le bel amour (les échanges de regards et la connivence entre Alicia et Emmanuel sont attendrissants entre autre) et certaines répliques ou situations sont subtilement drôles. « Caprice » reste une œuvre trop inégale, comme souvent chez Mouret, qui oublie, pour paraphraser Marivaux , que dans le monde du cinéma, un film doit être trop bon pour l’être assez…

Fritz_Langueur
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2015

Créée

le 28 avr. 2015

Critique lue 730 fois

5 j'aime

Fritz Langueur

Écrit par

Critique lue 730 fois

5

D'autres avis sur Caprice

Caprice
Moizi
8

Notre amitié peut déraper ?

Pourquoi n'ai-je pas découvert Emmanuel Mouret avant, c'est exactement le cinéma que j'aime. En fait je trouve le film admirablement bien écrit, parce qu'au début tout très vite, Clément est amoureux...

le 5 janv. 2021

17 j'aime

3

Caprice
Dianaga
4

Un caprice à oublier

Que dire que dire ? Ce film aurait pu être charmant, agréable, sympathique, attachant, séduisant, amusant, attrayant et j'en passe. Certains personnages le sont par moment -notamment celui...

le 1 mai 2015

6 j'aime

3

Caprice
FuckCinephiles
7

Critique de Caprice par FuckCinephiles

Si l'année 2014 a permit à la comédie française de connaitre un net regain de forme, en revanche, malgré la multitude de comédie romantique ayant squattées nos salles obscures hexagonales durant les...

le 22 avr. 2015

6 j'aime

1

Du même critique

Ni juge, ni soumise
Fritz_Langueur
8

On ne juge pas un crapaud à le voir sauter !

Ce n'est pas sans un certain plaisir que l'on retrouve le juge d'instruction Anne Gruwez qui a déjà fait l'objet d'un reportage pour l'émission Strip-tease en 2011. Sept ans après, ce juge totalement...

le 12 févr. 2018

59 j'aime

7

120 battements par minute
Fritz_Langueur
10

Sean, Nathan, Sophie et les autres...

Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...

le 24 août 2017

56 j'aime

10

Tale of Tales
Fritz_Langueur
9

La princesse aux petites poisses...

Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...

le 3 juil. 2015

48 j'aime

11