De glace et d'ennui

Annoncé à Cannes, Captives s'annonçait comme un nouveau Prisoners, deux ans après le chef d'oeuvre de Denis Villeneuve. En effet, le décor glacé du Nord des Etats-Unis, le look de bûcheron du personnage principal ainsi que le thème du film (l'enlèvement d'une jeune fille, que le père recherchera par tous les moyens possibles, quitte à transgresser la loi) nous guide vers cette comparaison. Mais est-elle juste ?

Le film commence. Trois scènes se succèdent, dans un ordre chronologique complètement bouleversé. Automatiquement, on se saisit des rares indices mis à notre portée par le film pour essayer de rassembler les morceaux du puzzle et de comprendre le contenu qui s'étale sous nos yeux. Alors, en une dizaine de minutes, l'on comprend qu'un tel est le ravisseur, qu'un tel est le flic connard qui va se mettre à accuser le père (Prisoners) et qu'un tel est le père prêt à tout pour récupérer sa fille (Prisoners), et voilà: vous avez saisi toute l'essence du film, toute sa réflexion. Enfin, non, vous pouvez toujours appréciez le jeu potable de Ryan Reynolds en père éploré (qui n'atteindra cependant jamais la cheville de Hugh Jackman), ou encore le décor magnifiquement enneigé, mais c'est tout. Vous devez même, en plus de cela, ajouter le jeu minable de Mireille Enos en femme du personnage principal.

Quoi, je devrais arrêter de comparer ce film à Prisoners ? Je pense que non, je devrais continuer, au contraire: le film, même s'il ne le revendique pas forcément, se présente vraisemblablement comme un successeur du film de Denis Villeneuve dès lors qu'il aborde le thème de l'enlèvement de la petite fille, et celui du père prêt à tout. Alors, certes, Captives aurait pu se créer un semblant d'identité en allant fouiller un peu plus loin dans la psychologie des agresseurs, puisque le film s'amuse dès ses premiers instants à nous les montrer. Ainsi, toute la tension, tout le mystère qui enrobait l'intrigue de Prisoners du début à la fin est, dans Captives, réduite à néant: il n'y a plus rien, à part peut-être jusqu'à la scène finale, que de la glace et de l'ennui, mêlés à une enquête dont on connaît déjà la fin.

Et pourtant, j'ai vu L'Affaire SK1 cette semaine, qui est aussi un film sur une enquête dont tout le monde connaît le coupable, puisqu'il s'agit de faits réels. Mais il y a tout de même un minimum de tension, alors que Captives ne cache rien d'autre qu'une coquille vide. Vous aurez compris que le film est à éviter, et je ne m'épancherai pas plus sur les défauts que j'ai oublié de citer.