Rien de neuf sous le soleil de Carbone. Avec un sujet d'arnaque financière, on aurait pu attendre que ce film s'éloigne des précédents films d'Olivier Marchal, qui avec le temps, commence doucement à s'auto-caricaturer. J'adore ce réalisateur et on doit lui reconnaître un style véritablement personnel, identifiable entre mille. Mais le bonhomme tourne un peu en rond et ce n'est pas avec ce film qu'il me fera mentir. Olivier Marchal fait du Olivier Marchal. Moi j'aime bien, mais je comprend que ça puisse énerver.
Du coup, Marchal nous offre des tartines de tout ce qui fait son style, des grosses bagnoles noires au vitres fumées (les scènes ont l'on voit simplement ses voitures se garer se comptent par dizaine dans ce film). Des truands mal-rasés patibulaires. Des flics corrompus, tout aussi mal-rasés et patibulaires, dont on sentirais presque l'odeur de clope et de cuir, rien qu'à regarder leur tronche fatigué. Des lunettes tout aussi fumées que les vitres des voitures et les poumons des personnages sus-nommés. Et puis des dialogues crus, du sexe cru et de la violence cru. Un vrai tartare ! On a parfois tendance à oublier la trame principal tellement le film vire petit à petit d'un film d'arnaque financière, technique et compliqué à un film de gangster dont l'intrigue se résume a "tu nous as pas payé ? Alors on va buter ton pote !" Puis à "T'as buté mon pote ? Alors on va buter un de tes potes !". C'est pas follement original, mais comme c'est raconté avec style et que Marchal s'est une nouvelle fois assorti d'une palette de gueules mémorables, ça passe.
Notons aussi la présence de Gringe et Michael Youn. Pas forcément les deux personnalités auquel on pense quand on mentionne Olivier Marchal. Mais j'ai été surpris de voir que Youn s'en sortait plutôt bien dans son rôle de comptable/trader. Gringe est bon, bien que discret et se fait clairement voler la vedette par cet Idir Chender qui joue le petit frère de Gringe. Magimel est bouffi et son personnage est une tête à claque. Impossible d'avoir une once d'empathie pour ce patron flambeur de mes deux.
Carbone est un film plaisant avec quelques défauts et on aimerait parfois voir ce que Olivier Marchal pourrait nous proposer avec un sujet un peu différent. Un truc sans flics, sans gangsters, sans grosses bagnoles noires. Peut être pour la prochaine fois...