À la place de Jérémie, j'aurais peur de Yannick

Les frères Rénier débarquent à la réalisation, produits par les frères Dardenne. J'ai chopé le film à cause du titre. J'ai vite compris que la métaphore allait largement prendre le dessus, mais bon, j'espérais quand même quelque chose de plus trash à la fin.

Toujours est-il que c'est assez pauvre. La situation n'est pas inintéressante mais le développement est assez faible ;il ne se passe pas grand chose, on répète les mêmes scènes et quand arrive l'évolution, on n'y croit pas trop. Parce que les auteurs n'ont pas osé pénétrer l'esprit de l'héroïne et ainsi marquer des étapes dans son évolution. Ce n'est pas que ce ne soit pas crédible en soi, je veux bien croire qu'on puisse en arriver là, mais les auteurs échouent à rendre compte de la détresse puis du bonheur trouvé. En plus on est dans le symbolisme par rapport au titre, alors je m'attendais au moins à ce que cette partie soit plus développée au cours de l'intrigue (par exemple, quelle déception de voir l'héroïne redevenir elle-même une fois rentrée dans son foyer, alors que cet acte carnivore impliquerait qu'elle se transforme aussi en sa sœur à la maison ; et cette évolution aurait dû commencer plus tôt, c'est là qu'est le nœud du film, on verrait alors l'héroïne se transformer grâce à son métier... et ainsi on comprendrait un peu mieux le lien entre le métier d'acteur et cette forme de cannibalisme).

La mise en scène est soignée dans le sens où on sent que les réalisateurs font attention à l'esthétique. On trouve ainsi quelques jolis plans, grâce à un travail sur la compo, la lumière, les couleurs. Malheureusement le montage est bien trop contemplatif : certains plans auraient mérité d'être raccourci, et pas qu'un peu. Les actrices sont assez bonnes, ainsi que l'acteur qui incarne le réalisateur. Les autres sont moins convaincants.

Bref, c'est assez décevant, il y avait du potentiel mais les deux frangins n'ont pas su l'exploiter. Dommage.