Ridley Scott revient sur grand écran après le pet foireux Prometheus. A 75 ans, le vieux loup de mer d'Hollywood continue de surprendre avec comme promesse un thriller bien décalé au casting royal.

Un avocat attiré par le bling bling est de mèche avec un criminel de la drogue pour réaliser une nouvelle "transaction". Mais un malentendu très malvenu va mettre en danger sa vie et surtout celles de son entourage. La chute promet d'être violente.

Bonaparte disait que l'homme n'est motivé que par deux choses: l'intérêt et la peur. Une citation qui colle très bien au scénario de Cartel qui aborde les limites psychologiques d'un homme qui n'a d'abord peur de rien (son intérêt c'est la thune) mais une fois que la réalité le rattrape il se chie dessus. L'Empereur aurait même pu rajouter le sexe comme troisième motivateur car le film ne manque pas de nous rappeler la bestialité des rapports entre ces brigands fortunés et les femmes souvent bien faciles d'accès.

Mais voilà, tout commence mal avec cette scène où Fassbender fait des gâteries à Madame Bardem (Penelope Cruz) directement avant le pré générique. Même pas le temps de nettoyer ses lunettes, de trouver la bonne position dans le siège de ciné pour se faire assener par des dialogues scabreux et une situation qui met mal à l'aise. Un élégant amuse bouche (sans aucun jeu de mot) pour nous faire comprendre que les deux amants sont très proches...

Bon ok, on peut se dire que c'était une erreur, le pré générique commence, on oublie tout. C'est alors qu'on attend le début de film, l’événement qui lancera l'histoire et nous scotchera. Le temps passe, les scènes s'enchainent mais le scenario ressemble fortement à l'encéphalogramme actuel de Premier Consul cité plus tôt dans cet article. Oui, il ne se passe RIEN. Par contre, c'est extrêmement bavard. Et vas y que je parle du but de la vie, du mal, des femmes, de mon passé, du danger d'être un bad guy. Il y a de quoi faire un hors-série de Philosophie Magazine.

Ouf ! L’évènement perturbateur finit par arriver et là on se dit que ca va suer, faire battre nos petits coeurs cinéphiles. Brad Pitt avertit Fassbender qu'il est dans une merde inimaginable avant de se casser sans même avoir bu son café et son jus d'orange. Cependant, on se rend vite compte qu'il ne se passera en fait pas grand chose de plus. Comptez deux mini gunfights sympa jusqu'à la fin du film et c'est tout.

L'action n'est donc pas au rendez vous, par contre le personnage de Fassbender se retrouve confronté à un choc psychologique immense. Comme tous les acteurs de ce film, il réalise une belle performance et ses réactions d'homme désespéré sont saisissantes. On se rappellera bien sûr du look explosif et Javier Bardem mais c'est bien Cameron Diaz qui tire son épingle du jeu. Elle est malfaisante et manipulatrice, ce qu'elle cache au fond d'elle même est proportionnel à son excentricité. C'est d'ailleurs elle qu'on retrouve dans l'une des scènes les plus WTF de l'année qu'on appellera "scène du poisson chat" pour rester tout public. Par contre, on se demande encore le pourquoi du comment à l'image de ce Cartel sans queue ni tête. Le film ne commence véritablement jamais et se termine comme un machin lambda.

Nouvelle déception signé Scott qui avait pourtant les clés en main pour piloter un long métrage au potentiel "culte". Il ne se passe pratiquement rien à part des dialogues à la chaine. C'est une fable mais une fable de 2h c'est long, je ne pensais pas que les criminels étaient si philosophes que ça sans oublier la dose de vulgaire qui n'arrange pas les choses. Cartel trouve le salut grâce à ses acteurs et ses guépards, rien de plus. Pour les athées, je conseillerais donc plutôt La Fontaine qui a le mérite d'être clair et concis. Pour les autres il y a la Bible, ce best seller inadaptable au cinéma comme l'a démontré un certain Mel Gibson. En conclusion, la parlote, la philosophie et les métaphores, c'est mieux dans les livres.
ZéroZéroCed
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le 18 nov. 2013

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